Depuis le 3 octobre 2023, Van Gogh a pris ses quartiers au Musée D’Orsay. L’exposition qui lui est dédiée retrace les derniers instants de la vie de l’homme et de l’artiste à travers des toiles emblématiques inspirées par la charmante commune d’Auvers-sur-Oise. On vous confie notre ressenti post visite.
Auvers-sur-Oise, période prolixe
Niché au cœur du Val-d’Oise, à environ 30 km de Paris, ce petit village fut la dernière demeure de Van Gogh. Arrivé le 20 mai 1890 sur les conseils du Dr. Gachet, spécialiste de la mélancolie et grand amateur d’art, l’artiste y décède le 29 juillet à l’âge de 37 ans après s’être tiré une balle dans la poitrine. Même s’il n’y reste que deux mois, cette période s’avère l’une des plus créatives de sa carrière. Van Gogh y trouve un nouveau souffle et donne un nouveau tournant à sa peinture. Il y peint de nombreux tableaux dont certains figurent parmi ses œuvres les plus célèbres.
Entre deux crises, l’artiste se sert de la peinture comme exutoire et peint la mélancolie dont il souffre. Mais pas seulement. À travers les 74 tableaux et les 33 dessins qu’il produit à Auvers-sur-Oise, le peintre explore et retranscrit en couleurs toute la splendeur de l’environnement qui l’entoure. Plusieurs sujets d’étude le passionnent particulièrement, à commencer par les fleurs, qu’il représente dans de nombreuses natures mortes de bouquets champêtres. L’exercice du portrait est son péché mignon. Van Gogh disait que c’était « la seule chose en peinture qui m’émeut le plus profondément et me fait ressentir l’infini, plus que tout autre chose ». Par ailleurs, les vues des champs et des villages alentours touchent particulièrement l’artiste au cours de cette mise au vert. Van Gogh sait particulièrement bien capter les détails de ces paysages, de cette nature mais aussi de la vie, de ces maisons, de ces animaux, de ces femmes et de ces hommes qu’il croise jour après jour en les représentant avec une poésie inégalée.
Des chefs-d’œuvre exposés
Agrémentée d’une vingtaine de dessins, d’une cinquantaine de tableaux mais aussi de la correspondance de l’artiste, l’exposition met en lumière la dernière période de sa vie à la thématique aussi bucolique que mélancolique. Celle-ci se termine par la présentation de 11 œuvres issues de la série unique et iconique, format « double carré », qui montre l’exploration perpétuelle de l’artiste.
La sélection d’œuvres qui nous ont tapées dans l’œil :
- Autoportrait, peint en septembre 1889 dans le sud de la France, que Van Gogh rapporte à Auvers-sur-Oise pour le présenter au Dr. Gachet qui était fanatique de cette pièce et voulait que l’artiste en peigne une réplique de lui. On y retrouve le bleu et les motifs tourbillonnants qui illustrent à merveille la mélancolie.
- Le Docteur Paul Gachet, réalisé les 6 et 7 juin 1890. Il s’agit de la réplique de l’Autoportrait de Van Gogh montrant le Docteur Gachet dans une posture mélancolique. Une sorte de mise en abyme qui illustre le rapport de l’artiste à son thérapeute qu’il considérait comme son double : « son expérience de docteur doit le tenir lui-même en équilibre en combattant le mal nerveux duquel certes il me parait attaqué aussi gravement que moi ».
- Chaumes de Cordeville à Auvers-sur-Oise. Cette œuvre à la dominante verte, produite entre fin mai et début juin 1890, retranscrit la poésie et la verdure des paysages du Val-D’Oise à la fin du 19ème siècle. Ces panoramas champêtres passionnaient Van Gogh comme traduit cette phrase extraite d’une lettre adressée à Theo et Jo Van Gogh-Bonger, aux alentours du mercredi 21 mai 1890 : « Je trouve presqu’aussi joli les villes modernes et les maisons de campagne bourgeoises que les vieux chaumes qui tombent en ruines ».
- L’Église d’Auvers-sur-Oise, chef-d’œuvre par excellence devant lequel on reste happé par la majestuosité de cet édifice aux lignes ondulantes.
Nous avons également été absorbés par la beauté de la série sur les champs :
- Champs de blé aux corbeaux, mardi 8 juillet 1890 : mystérieux et envoûtant.
- Champ de coquelicots, 14 juin 1890 : pointilleux et vigoureux.
- Champs de blé près d’Auvers-sur-Oise, 20-22 juin 1890 : puissant et vertigineux.
Une scénographie mal étudiée
Seul point négatif : la mise en scène. En effet, cette exposition inédite – puisqu’il s’agit de la première consacrée à cette période des derniers mois de la vie de l’artiste – est victime de son succès et la circulation à travers les différentes salles est lente, parfois même pénible tant il est compliqué de se frayer un chemin. En cause notamment : la mise en scène des premières salles qui ne permet pas de fluidifier le parcours avec trop d’œuvres présentées dans des espaces bien trop étroits. S’il est indispensable de se doter d’un billet horodaté sans lequel il est impossible d’accéder à l’exposition, même muni de ce graal, il faut patienter avant de pénétrer dans une cette exposition bondée. Alors, pour en profiter un maximum, car l’exposition vaut vraiment le détour, préférez le premier créneau disponible de la journée (9h30) ou misez sur les 3 nocturnes prévues les 26, 27 et 28 janvier : l’exposition pourra être explorée jusqu’à 22h (dernière entrée à 21h). Bonne visite !
Céline Coelho
Infos pratiques
- Jusqu’au 4 février 2024
- Réservation obligatoire
- Tarif adulte : 16 euros
- Tarif enfant : 13 euros
- Gratuité sous conditions
Rédactrice digital nomade, écrit pour le blog depuis 2019.
A la découverte de la Place des Vosges : ici