Découvrez le nouveau Musée de la Libération de Paris

Inauguré le 25 août 2019 à l’occasion du 75ème anniversaire de la libération de Paris, le musée de la Libération de Paris – Musée du Général Leclerc – Musée Jean Moulin a pris ses quartiers place Denfert-Rochereau dans le 14ème arrondissement de la capitale. Installé dans l’un des pavillons conçus par l’architecte Claude-Nicolas Ledoux, il cache, 20 mètres sous terre, un abri de défense passive ouvert aux visiteurs !

Situé face à l’entrée des Catacombes, le Musée de la Libération de Paris – Musée du Général Leclerc – Musée Jean Moulin propose de retracer la vie et le rôle de deux hommes aux destins hors du commun : Philippe de Hauteclocque, que l’on connait sous le nom de Général Leclerc, et Jean Moulin, qui, même s’ils ne se sont jamais croisés, ont chacun œuvré pour la libération de la France pendant le seconde guerre mondiale.

Un parcours chronologique, thématique et pédagogique

La visite est découpée de façon chronologique en 10 salles thématiques avec, au programme, plus de 300 objets exposés, des documents originaux, des photographies, affiches, journaux et des vidéos d’archives.

Après un petit film permettant de se plonger dans le contexte de l’époque, nous sommes invités à faire connaissance avec Philippe de Hauteclocque et Jean Moulin. Dans de grandes vitrines en verre, on découvre certains de leurs effets personnels, notamment une boîte de pastels ayant appartenu à Jean Moulin. Dans chaque pièce, des textes généraux guident les visiteurs et parfois, des vidéos interactives permettent d’en apprendre plus.

La salle suivante illustre, à travers un dispositif d’écrans et de citations installé au sol, l’exode des habitants des pays du nord et de Paris à la suite de l’offensive allemande. Dans celle d’après, quatre vidéos diffusées en parallèle, confrontent les visions et les prises de positions en juin 1940, du Maréchal Pétain, qui demande l’armistice, et de trois figures emblématiques qui refusent de baisser les armes : Jean Moulin, Philippe de Hauteclocque et le Général De Gaulle.

La suite du parcours invite à se plonger dans le Paris occupé (juin 1940-août 1944). On peut observer des photos qui illustrent l’appropriation de l’espace parisien par les nazis, des affiches de propagande ou des brochures d’incitation à haine contre les juifs destinés aux enfants qui font froid dans le dos. Un peu plus loin, dans cette partie plus sombre de l’Histoire et de la visite, au sens propre comme au figuré puisque les lumières sont extrêmement tamisées et les murs peints en vert foncé, est évoquée la rafle du Vél’ d’Hiv avec des documents émouvants, tels que des lettres de victimes, qui contribuent au devoir de mémoire.

La visite se poursuit à l’étage inférieur. Les murs sont désormais rouges et pour cause, cet espace est consacré à la résistance. De nombreux portraits de femmes et d’hommes, héros de l’ombre, sont à découvrir ainsi que des documents incroyables : tracts et journaux clandestins, une boîte de faussaire pour établir des faux papiers, du matériel de sabotage… Puis, des témoignages vidéos de résistantes et résistants sont diffusés sur un écran. C’est assez saisissant. Même si le film est un peu long, il mérite qu’on s’arrête quelques instants pour le visionner. Ces rescapés racontent leurs actions effectuées au nom de la liberté, le plus souvent au péril de leur vie, et témoignent de la violence de la répression qu’il ont subi.

On observe ensuite des objets ayant appartenu à Jean Moulin comme la combinaison qu’il portait lorsqu’il fut parachuté dans la nuit du 1er au 2 janvier 1942 dans les Bouches-du-Rhône. La salle suivante, intitulée « Leclerc, chef de guerre » revient sur la mission de ce-dernier pour rallier l’Afrique équatoriale française à la France libre. Des objets, parfaitement conservés, de soldats américains y sont également visibles.

Après un focus sur le débarquement, on atteint la dernière partie de l’exposition. Organisée jour par jour, elle nous plonge, grâce à des documents d’archives et des portraits de femmes et d’hommes, dans ces journées clés qui ont mené à rendre à Paris sa liberté. Sur un grand mur blanc, une vidéo du célèbre discours du Général de Gaulle, prononcé le 25 août 1944, est diffusée. Cette phrase inoubliable : « Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré ! » résonne alors dans les esprits des visiteurs jusqu’à la fin du parcours.

Dans l’ultime espace, sous des luminaires tricolores, un remarquable dispositif volumineux qui entremêle plaques métalliques et écrans, diffuse, d’un côté, des images du défilé du 26 août 1944 sur les Champs Elysées. On revit la joie de la foule qui acclame le Général De Gaulle. De l’autre côté, des images illustrent l’envers du décor de ce jour inoubliable.

Immersion dans le poste de commandement du Colonel Rol

Une fois la visite achevée, les visiteurs sont invités à descendre 20 mètres sous terre. En effet, sous le pavillon qui accueille le musée, un abri de défense passive fut creusé vers 1938 afin de protéger la population en cas de bombardement et permettre aux services administratifs de continuer de fonctionner. À l’approche de la libération de la capitale, le Colonel Rol-Tanguy, alors chef des FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) d’Ile-de-France, décide d’investir les lieux le 20 août 1944 pour y installer son état-major et coordonner les opérations.

Après avoir passé les portes blindées et descendu 100 marches, on accède, par petits groupes, à ce poste de commandement souterrain. Ici, il fait 16 degrés, le taux d’humidité est de 100% et les effets sonores diffusés via des enceintes nous plongent dans l’ambiance de l’époque. Des sonneries de téléphone retentissent, des bruits secs nous font parfois sursauter.

Si les galeries sont vides, des inscriptions encore visibles sur les murs donnent une idée de la distribution des lieux : le central téléphonique, le bureau du Colonel Rol, le secrétariat, mais aussi la salle de ventilation dans laquelle on été conservées des machines authentiques telles qu’un cyclo-pédaleur qui servait à fournir de l’électricité et à réguler l’air. Dans une grande pièce, des vidéos de bombardements sont projetées, dans une autre, des masques à gaz sont exposés. Quelques graffitis témoignent de l’occupation de ce bunker par des squatteurs avant qu’il ne soit réinvesti par le musée et ouvert au public. L’atmosphère qui y règne est assez fascinante. Pour s’immerger encore plus dans ce lieu historique, il est possible de le parcourir avec des lunettes à réalité mixte. Une réservation au préalable est nécessaire.

Pour visiter le musée, en prenant le temps de lire les textes, de visionner les vidéos et de descendre dans le poste de commandement souterrain, il faut prévoir quasiment 3 heures… Mais vous serez assez surpris car on ne voit pas le temps passer. La scénographie est extrêmement bien réalisée, les objets sont nombreux et biens disposés, de sorte que chacun puisse y accéder aisément. L’alternance de ces fragments du passé – documents, photographies, objets, vidéos – permettent de créer un bon rythme tout au long du parcours. On ne se lasse pas et on a envie d’aller jusqu’au bout. Le clou du spectacle, le poste de commandement du Colonel Rol-Tanguy, vaut réellement le détour !

Céline Coelho

Infos pratiques :

Musée de la Libération de Paris – Musée du Général Leclerc – Musée Jean Moulin  4, avenue du Colonel Henri Rol-Tanguy, Place Denfert-Rochereau, 75014 Paris

Les collections permanentes sont gratuites – Réservation obligatoire à l’entrée du musée pour visiter le poste de commandement du Colonel Rol-Tanguy (la visite se fait par petits groupes et est limitée à 30 min)

Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h – Tel : 01.40.64.39.44

Plus d’infos sur : http://www.museeliberation-leclerc-moulin.paris.fr/


A propos Céline Coelho

Rédactrice digital nomade, écrit pour le blog depuis 2019.

A la découverte de la Place des Vosges : ici

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