On s’est invité… Chez le Corbusier

Visionnaire de renommée internationale, peut-être même l’architecte français le plus célèbre du monde, Le Corbusier a révolutionné l’habitat et son appartement-atelier parisien en est le parfait témoignage. Plongée au cœur de son œuvre et immersion dans son intimité : suivez le guide.

Le Corbusier, architecte visionnaire

Charles-Édouard Jeanneret dit Le Corbusier (1887-1965) est sans doute l’un des architectes les plus talentueux du 20ème siècle. Chef de file du mouvement moderne, il a imaginé dans les années 20, le concept d’unité d’habitation, c’est à dire des logements collectifs regroupant à la fois des appartements mais aussi tous les équipements collectifs indispensables à la vie. La Cité radieuse à Marseille, sa première création de ce genre, en est l’illustration.

17 réalisations de l’œuvre de Le Corbusier, dont 10 sites français, ont été classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 2016. Construit entre 1931 et 1934, l’immeuble situé au 24, rue Nungesser-et-Coli à Paris en fait partie. Reconnu pour être « le premier immeuble d’habitation au monde à façades entièrement vitrées », il s’oppose à l’approche architecturale haussmannienne. De plus, l’utilisation du béton armé pour l’ossature permet une conception en « plan libre », autrement dit, les appartements ont été livrés avec les installations sanitaires uniquement, chaque propriétaire pouvant ensuite aménager l’espace en créant des cloisons où il le souhaitait.

Une visite intemporelle

Le Corbusier s’installe dans l’appartement du 24 NC en 1934 avec son épouse et n’a cessé, durant 30 ans, de le transformer en testant de nouveaux dispositifs, matériaux, couleurs… L’appartement-atelier est un véritable lieu d’expérimentation, fruit de nombreuses années de travail. Le visiter permet de mieux appréhender à la fois le génie de Le Corbusier mais aussi de rencontrer l’homme qu’il était. Après avoir gravi l’escalier en colimaçon pour accéder au 7ème étage – car l’ascenseur est réservé aux résidents ou aux personnes à mobilité réduite – on arrive enfin dans ce penthouse de 240m² divisé en 4 parties desservies par l’entrée.

Découverte de l’atelier

Dans cet appartement, Le Corbusier a voulu à la fois un espace de vie familiale mais aussi un lieu de travail car l’architecte est également un artiste plasticien qui aime peindre. Depuis l’entrée, on accède directement à cet atelier baptisé « atelier de la recherche patiente » par l’architecte lui-même. Plutôt traditionnel avec sa voûte de 12 mètres de long et son mur en briques apparentes, il contraste avec le reste de l’appartement résolument moderne. En revanche, ce qui nous frappe d’entrée, ce sont les grandes fenêtres coulissantes qui inondent de lumière tout l’appartement de part en part. Ayant été interdit d’éclairer son atelier par le haut, le Corbusier a alors décidé de créer ces larges ouvertures sur l’extérieur : une idée lumineuse ! D’ailleurs, en mai 1934 alors fraichement installé dans l’appartement, l’architecte écrit dans une lettre à sa mère, « le ciel est radieux et nous vivons depuis quinze jours dans des nouvelles conditions miraculeuses : un logis qui est céleste, car tout y est ciel et lumière, espace et simplicité ». Depuis les fenêtres, la vue sur la ville est spectaculaire. Enfin, dans un petit bureau installé dans un recoin, on a le plaisir de pouvoir jeter un œil à des documents originaux, dessins et notes de le Corbusier, laissés presque en pagaille sur une étagère, comme s’il venait de quitter la pièce à la hâte.

Visite de l’appartement

Depuis l’atelier, on repasse par l’entrée en franchissant une immense porte pivotante qui une fois ouverte, offre une perspective impressionnante sur toute la surface, avant d’accéder à la seconde partie du lieu. Nous voilà dans l’appartement, qui se compose d’un salon, d’une cuisine, d’une salle à manger et d’une chambre avec salle d’eau.

On commence par le salon, organisé autour du caisson cachant la machinerie de l’ascenseur. Les murs sont recouverts de panneaux de contreplaqué de chêne. On y découvre un canapé mais aussi le célèbre fauteuil « Grand confort » et la chaise longue, dessinés par Le Corbusier, Charlotte Perriand et Pierre Jeanneret. Dans les murs, des niches ont été creusées et accueillaient, à l’époque, des œuvres d’art et objets comme en témoignent les nombreuses photos exposées partout dans l’appartement pour nous guider et nous aider à plonger dans son intimité.

Dans le prolongement du salon, on découvre l’immense salle à manger, très épurée et extrêmement lumineuse avec sa baie vitrée qui s’ouvre sur un grand balcon avec une vue panoramique sur tout Boulogne. Un vitrail coloré, réalisé par l’artiste Brigitte Simon, a été ajouté pour créer un jeu de couleurs et de lumières sur la table en marbre signée Le Corbusier ainsi que les fameuses chaises Thonet que l’on retrouve un peu partout dans l’appartement et dont on chine aujourd’hui des répliques dans les brocantes. Une décoration quasi-intemporelle en somme.

À gauche, on pénètre dans la petite cuisine ingénieusement équipée de placards et tiroirs en tout genre mais aussi toujours très lumineuse grâce à son ouverture, à la fois sur le balcon, mais aussi sur la courette intérieure.

À droite de la salle à manger, on découvre la chambre du couple et l’étonnant lit surélevé. Le Corbusier est passionné par l’aménagement intérieur des paquebots et s’en est inspiré pour imaginer la chambre conjugale. Ce lit surélevé qui repose sur deux pieds permet d’admirer la vue sur la ville dès son réveil ! Pour faire sa toilette, chacun dispose de son propre espace : une coiffeuse et une salle de bain avec une baignoire-sabot pour Madame et une cabine de douche et un lavabo pour Monsieur.

Partout dans l’appartement, la polychromie et le mélange de mobilier fixe et mobile structurent les volumes alors que les sols unis participent à la continuité et à la fluidité spatiale. Le Corbusier disait d’ailleurs, « quand j’ouvre mes portes, je vois tout à travers l’appartement, seulement ce n’est pas solennel, c’est intime ».

Direction le 8ème étage et la chambre d’ami

Pour accéder au second niveau, nous voilà de retour dans l’entrée pour emprunter, cette fois, l’escalier hélicoïdal, sans rampe pour s’accrocher ! Inondé par la lumière, il est situé sous un cube de verre déposé sur le toit. La chambre d’ami, équipée d’une cabine de douche et d’un lavabo, a été conçue autour de l’installation de chauffage central. Recouverte de panneaux de bois des murs au plafond, elle dispose de son balcon privatif. Ambiance cosy et intime.

Le clou du spectacle : le toit-jardin

La toiture-jardin est l’une des innovations de Le Corbusier qui souhaitait intégrer la végétation dans l’espace urbain. Il décide alors d’aménager un jardin sur le toit pour retrouver calme et sérénité, loin du tumulte de la rue, et avec en prime, une vue époustouflante à 360° sur Paris, Boulogne et les communes alentours.

Professionnels, étudiants, artistes, photographes, amateurs d’art et curieux du monde entier viennent et reviennent chez Le Corbusier pour découvrir ce lieu baigné de lumière qui, à chaque visite, est unique.

Céline Coelho

Infos pratiques :

Appartement-atelier Le Corbusier

24 rue Nungesser-et-Coli, 75016 Paris

01.42.88.75.72

www.fondationlecorbusier.fr


A propos Céline Coelho

Rédactrice digital nomade, écrit pour le blog depuis 2019.

A la découverte de la Place des Vosges : ici

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.