Lancé il y a déjà plus de 10 ans, le projet du Grand Paris Express est en plein chantier. Ce réseau de transport public qui a pour ambition de faciliter les déplacements de millions de franciliens au quotidien, doit être achevé à l’horizon 2030 dans sa totalité, avec des mises en services progressives de certains tronçons à partir de 2024, à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris. À mi-parcours du chantier du siècle, où en sont les travaux ? Que reste-t-il à faire ? Les dates de livraison seront-elles respectées ? On fait le point.
Les grandes lignes du projet
Annoncé en 2009 par le président la République de l’époque, Nicolas Sarkozy, le projet du Grand Paris devrait hisser la région parisienne au rang de grande métropole mondiale. Plus grand projet urbain d’Europe, pour y circuler, un réseau de métro automatique en rocade permettra de connecter les communes de petite et grande couronne pour faciliter les déplacements interrégionaux sans avoir besoin de passer par la capitale, ou de pouvoir la rejoindre plus facilement et rapidement qu’aujourd’hui via une liaison diamétrale. Un projet monumental, aux objectifs multiples, visant au développement social et économique de l’agglomération parisienne.
Le Grand Paris Express devrait gommer les inégalités territoriales en désenclavant les zones mal desservies par les transports en commun à l’heure actuelle. Il permettra de relier les bassins de vie aux pôles d’activités, comme les centres d’affaires, universitaires ou de recherche, les aéroports etc. avec des trajets plus rapides et plus agréables (trains désaturés, plusieurs itinéraires possibles, etc.). Il facilitera l’accès à la formation et à l’emploi mais aussi aux loisirs et à la culture. Enfin, il inscrira la métropole parisienne dans une démarche de ville durable et respectueuse de l’environnement en réduisant l’usage de la voiture.
Ce nouveau réseau, connecté à celui déjà existant, s’étendra sur 200 kilomètres au total, une longueur équivalente à celle du métro actuel. Il donnera naissance à 68 nouvelles gares, à quatre nouvelles lignes de métro automatique (15, 16, 17 et 18) et prolongera deux lignes actuellement en circulation : la ligne 14, à la fois au nord et au sud, et la ligne 11 à l’est.
10 ans plus tard, quid de l’avancée des travaux ?
La mise en service de toutes les lignes du Grand Paris Express devrait être effective à l’horizon 2030. À mi-parcours de ce projet pharaonique, où en est le chantier du siècle ?
Entre les études, les multiples réunions et enquêtes publiques, les changements de gouvernements, les appels d’offres, les lancements des travaux de préparation et les premiers tunnels creusés, des années se sont écoulées. Néanmoins, le projet du Grand Paris Express a bien été mis sur les rails. Depuis 2018, Malala (pour Malala Yousafzai, prix Nobel de la Paix en 2014), Sarah (en référence à Sarah Ourahmoune, boxeuse française), Amandine (en l’honneur de la footballeuse Amandine Henry), Ellen (pour Ellen MacArthur, navigatrice) ou encore Bantan (en hommage à Bantan Diarra, première femme pompière de la Courneuve) et Armelle (en l’honneur d’Armelle Martin, policière municipale d’Aulnay qui a sauvé une famille d’un incendie en 2017) pénètrent les entrailles de la capitale. Ces prénoms, ce sont ceux des tunneliers, engins circulaires colossaux utilisés pour percer les tunnels du Grand Paris Express. En effet, dans la tradition de Sainte-Barbe, patronne des mineurs et des ouvriers travaillant sous terre, il est de coutume de baptiser ces machines d’un prénom féminin pour placer les travailleurs sous la protection d’une marraine, car sur les 200km de lignes, 90% sont en souterrain.
Si l’intégralité du Grand Paris Express devrait être en fonction en 2030, la mise en service de certains tronçons devrait se faire progressivement dans les prochaines années.
Les chantiers en cours
Pour débuter les travaux de ce projet titanesque, c’est Steffie–Orbival, premier tunnelier du Grand Paris Express qui a inauguré le début du chantier, en février 2018, de la ligne 15 Sud qui reliera Pont-de-Sèvres (92) à Noisy-Champs (77). Longue de 33 km, la ligne 15 Sud traversera 22 communes et reliera 16 gares en 37 minutes d’ici 2025.
La ligne 14, qui connecte aujourd’hui Olympiades (13ème) à Saint-Lazare (8ème) est actuellement en travaux de prolongement au nord, jusqu’à Mairie de Saint-Ouen (93) dans un premier temps. Ils devraient être achevés d’ici la fin de l’année 2020. Un second tronçon l’étirera jusqu’à la gare Saint-Denis Pleyel (93) (encore en construction), située à côté du Stade de France, avec pour objectif de désengorger la ligne 13. Côté sud, les travaux ont également déjà été engagés, avec pour but de relier Paris à l’aéroport d’Orly d’ici 2024.
Deux nouvelles lignes sont aussi actuellement en travaux : les lignes 16 et 17. La ligne 16 doit relier les gares de Saint-Denis Pleyel (93) et Noisy-Champs (77), et la ligne 17, celle de Saint-Denis Pleyel (93) au Mesnil-Amelot (77) en passant par l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle (95). L’ouverture des premières parties de ces deux lignes, un tronçon commun allant de Saint-Denis Pleyel au Bourget (93), devrait être en service à l’occasion des Jeux Olympiques de 2024 afin de faciliter les déplacements entre le village Olympique situé à Saint-Denis (93) au centre des médias du Bourget.
Les lignes 16 et 17 seront-elles prêtes pour les JO ?
Malheureusement, il semblerait que la crise sanitaire ait impacté l’avancement des travaux. Le couperet est tombé le 23 juin 2020. Le secrétaire d’Etat aux transports a annoncé que ce chantier, qui se déroulait déjà en flux tendu, avait été ralenti par la crise du Covid-19. Le calendrier, déjà très serré, ne pourra pas rattraper le retard dû à l’arrêt des travaux pendant un mois (du 17 mars au 20 avril 2020) et à la reprise du chantier à un rythme moins productif, conséquence de la mise en place de mesures sanitaires.
Néanmoins, si les lignes 16 et 17 ne seront pas en service à temps pour les JO de 2024, l’accès aux sites olympiques pourrait être possible en empruntant la ligne 14 jusqu’à la gare de Saint-Denis Pleyel (93) qui devrait être terminée à cette occasion.
La seconde partie de la ligne 16, reliant le Bourget RER à Clichy-Montfermeil (93) est prévue pour le début d’année 2025. La troisième, jusqu’à Noisy-Champs (77), à l’horizon 2030. Pour la ligne 17, il faudra attendre 2027 pour relier le Bourget au Triangle de Gonesse (95) et 2030 pour aller jusqu’au Mesnil-Amelot (77).
Les chantiers encore à l’étude
Si certains tronçons sont déjà en travaux, d’autres sont encore en phase d’études, de concertation, d’enquêtes publiques, etc. à commencer par la ligne 15 Ouest. Celle-ci reliera les gares de Pont-de-Sèvres (92) à Saint-Denis Pleyel (93) aidant ainsi à désengorger les lignes actuelles. Quant à la ligne 15 Est, elle sera le prolongement depuis Saint-Denis Pleyel jusqu’à Champigny-sur-Marne (94). Attendues à l’horizon 2030, ces deux lignes viendront s’ajouter au tronçon Sud pour former une rocade de 75km qui desservira 36 stations à travers les trois départements de la petite couronne : Seine-Saint-Denis (93), Hauts-de-Seine (92) et Val-de-Marne (77). Ligne phare du projet du Grand Paris Express, elle permettra d’aller d’une banlieue à une autre sans passer par la capitale. À noter que si l’emplacement de la gare prévue à la Défense posait des difficultés de construction, en février 2020, un nouvel endroit a été retenu. Il faudra néanmoins réexaminer le tracé de la ligne dans la zone et relancer un appel d’offres pour sa réalisation.
Concernant le métro 18, qui reliera l’aéroport d’Orly (94) à la gare de Versailles Chantiers (78), il a récemment fait l’objet d’une enquête publique pour recueillir l’avis du public sur les évolutions apportées au projet initial comme d’inclure la gare CEA Saint-Aubin qui n’y figurait pas au départ. Le chantier de génie civil devrait commencer durant le courant de l’été 2020 avec un premier objectif pour 2027 de relier Orly au CEA Saint-Aubin (91). La seconde partie, pour achever la ligne jusqu’à Versailles Chantiers, est prévue pour 2030. Deux prolongements, jusqu’à la gare de Nanterre-la-Folie (92) puis jusqu’à Saint-Denis Pleyel, pourront être envisagés pour après 2030.
Enfin, si le prolongement jusqu’à Rosny-Bois-Perrier (93) de la ligne 11, qui relie actuellement Châtelet (1er) à Mairie des Lilas (93), est actuellement en travaux, le second jusqu’à Noisy-Champs (77) est encore à l’étude. Pour le premier tronçon, l’objectif de mise en service est de 2023…
Quand peut-on réellement espérer les premières mises en service ?
En juillet 2020, Thierry Dallard, président du directoire de la Société du Grand Paris a fait le point sur l’avancée des travaux du chantier du siècle. Des retards prévisionnels ont été annoncés. En moyenne, trois à huit mois sur les tronçons en travaux et trois à quatre mois pour ceux encore à l’étude.
Malgré tout, ce chantier pharamineux, inédit en Europe, semble garder le cap avec des mises en circulation progressives à partir de 2024 pour devenir complète en 2030. Aujourd’hui, ce sont près de 200 chantiers le long des lignes du futur métro, 6800 personnes qui y travaillent et une vingtaine de tunneliers en cours de montage ou déjà en marche. Côté budget, si l’enveloppe de départ allouée au projet du Grand Paris Express était de 21 milliards d’euros, celle-ci a depuis été revue à la hausse. Au début de l’année 2018, la Cour des Comptes l’a alors estimée à 38 milliards d’euros, soit près du double de celle de départ.
Céline Coelho
Rédactrice digital nomade, écrit pour le blog depuis 2019.
A la découverte de la Place des Vosges : ici