Paris est une capitale particulièrement polluée, dense et bétonnée, les animaux sauvages y ont peu leur place, on a pourtant pu en apercevoir certains pendant le confinement. Retour sur ce drôle de phénomène.
Les animaux en ville
On a souvent tendance à oublier que les animaux peuvent investir les villes. A Paris, on remarque plutôt les piétons souvent pressés, les voitures impatientes ou les flots de touristes envahissant les rues de la capitale. Les animaux sont pourtant présents, souvent cachés. Les deux mois de confinement ont fait de Paris un terrain d’observation propice à la vie animale. Le déclin des activités humaines a engendré une baisse de la pollution. Les naturalistes ont pu observer les comportements des animaux dans la ville déserte pour mieux les comprendre et peut-être les préserver. Un peu partout en France, des animaux sauvages ont été observés en ville : baleines dans les calanques de Marseille, phoques sur les plages de Dunkerque, hérons dans les cités parisiennes, sangliers en pleine ville de Cannes, …
Des renards au Père-Lachaise
Début mai, le conservateur du cimetière du Père-Lachaise tombe nez à nez avec des renardeaux dans les allées du cimetière, alors désert puisque fermé au public en raison de l’épidémie de Covid-19. Les renards sont tranquilles pour chasser hérissons, oiseaux et insectes qui constituent leur nourriture, à l’abri des regards indiscrets. Ces animaux discrets se méfient de l’homme, le cimetière serait ravi de les voir adopter définitivement les lieux ! Le Père-Lachaise dispose de tout ce dont l’animal rusé aurait besoin pour s’épanouir.
Le Bois de Vincennes, tout un écosystème
Des renards ont également été observés dans le 12ème arrondissement, dans le Bois de Vincennes. Habituellement fréquenté par 10 millions de personnes chaque année, le bois est devenu silencieux pendant le confinement et le passage de l’homme a été drastiquement réduit. Avant le confinement, le chant des oiseaux était couvert par le bruit de la ville : pollution, passage des voitures, trains, … Fouines, corneilles, renards, hérissons, chauve-souris et autres oiseaux ont profité de notre absence pour sortir le bout de leur nez dans le bois.
La vie sauvage en bord de Seine
Sur les bords de Seine, lézards et oiseaux ont été observés. Le confinement a réduit fortement l’intensité du trafic fluvial, les péniches ont cessé de naviguer et les Bateaux-Mouches sont restés à quai. Certains poissons sont remontés à la surface de la Seine, bercés par les eaux dénuées de bruits de moteur : carpes, … Paris accueille 1600 espèces d’animaux sauvages, il suffit d’être attentif pour les observer. Les espèces s’adaptent très bien à l’absence momentanée des hommes sur le territoire, la nature en profite ! Au canal Saint-Martin, poules d’eau et canards sont moins dérangés et sortent, des canetons ont été vus, profitant de l’eau tranquille. Les cormorans se font sécher au soleil, les mouettes et les goélands investissent les rues. Des crapauds accoucheurs ont été vus dans les parcs. Dans les jardins du château de Versailles, les oies sauvages se sont promenées, les écureuils ont joué sur les pelouses, …
Les comportements des animaux, différents pendant le confinement ?
Les animaux auraient-il été plus nombreux pendant le confinement ? C’est plutôt qu’on a pu mieux les observer. Si nous avons été confinés pendant ces quelques semaines, les animaux sauvages sont confinés toute l’année à cause des hommes. Le bruit a tendance à perturber les comportements des animaux sauvages et les stresse. La baisse du niveau sonore a probablement été bénéfique aux animaux pendant la période de reproduction. Certaines espèces, habituées à se nourrir des déchets que nous laissons, ont du se réadapter à notre absence. Les animaux qui communiquent avec le son ont profité du confinement pour chanter sans être perturbés par notre pollution. Il semblerait que les animaux aient passé plus de temps à se nourrir et à se reproduire sans avoir du être vigilants quant à notre présence. L’impact de la pression humaine sur les animaux est bien réel.
Le sursaut offert par le confinement aura permis aux Parisiens d’être plus attentifs envers les animaux sauvages, toujours présents dans la capitale mais habituellement ignorés. Ces quelques semaines nous auront permis de redécouvrir un monde sauvage qui n’avait pas disparu de la capitale. Que deviendront les animaux qui se sont épanouis pendant cette période moins polluée ? L’avenir nous le montrera mais il y a fort à parier qu’ils retournent se cacher.
Béatrix Benoist d’Anthenay
Rédactrice digital nomade, écrit pour le blog depuis 2019.