Depuis plus de quatre siècles et demi, les bouquinistes parisiens ont gravé leur présence comme un pilier essentiel de la culture de la capitale. Étroitement liés à l’âme des quais de Seine, ces gardiens des mots et des histoires ont, au fil des ans, offert aux passants et aux flâneurs un voyage inestimable à travers les époques et les idées. Au seuil des Jeux olympiques de 2024, une nouvelle page s’ouvre pour ces passionnés de littérature. Un défi inattendu se dresse devant eux : le déplacement de leurs boîtes emblématiques pour garantir la sécurité de la cérémonie d’ouverture. Cette transition, mêlant patrimoine et modernité, invite à explorer comment les bouquinistes parisiens, fidèles gardiens de la mémoire littéraire, répondent à cette impulsion vers le futur.
L’adaptation des bouquinistes face au défi olympique
À l’approche des Jeux olympiques Paris 2024, les bouquinistes des quais de Seine, symboles de la ville depuis 450 ans, font face à un défi inattendu. Pour la première fois dans l’histoire des Jeux, la cérémonie d’ouverture se tiendra à l’extérieur, sur la Seine, le 26 juillet 2024. Cela signifie que les célèbres boîtes de livres que les bouquinistes utilisent pour vendre leurs ouvrages devront être retirées de la zone de la cérémonie pour des raisons de sécurité.
La préfecture de police de Paris a envoyé une lettre aux bouquinistes, demandant le retrait de leurs boîtes placées dans le périmètre de la cérémonie. Cette décision a provoqué des inquiétudes parmi les bouquinistes, qui expliquent que leur activité est essentielle à l’identité des quais de Seine. Certains s’opposent au déplacement de leurs boîtes, estimant que cela altère l’authenticité et l’expérience des visiteurs. La Ville de Paris tente de trouver un compromis en offrant son soutien financier pour rénover les boîtes abîmées et en aidant à leur relocalisation.
Les bouquinistes dans le paysage parisien
Les bouquinistes parisiens se présentent comme les gardiens de la littérature en plein air. Un incontournable aux yeux des habitants et des visiteurs de la ville ! Enracinés dans l’héritage des colporteurs de livres du XVIe siècle, ces libraires des quais de la Seine ont pour mission de promouvoir la culture française à travers leurs boîtes vertes, tout en résistant à l’influence des boutiques de souvenirs souvent omniprésentes dans les quartiers touristiques. Leur contribution à la préservation de la culture française est d’autant plus significative qu’ils sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Sur les berges de la Seine, quelque 235 passionnés des livres transmettent leur amour pour la littérature et les connaissances à travers leurs sélections soigneusement composées. Ces boîtes vertes, au nombre de 240, s’étendent sur trois kilomètres le long du fleuve, offrant un décor authentique et indissociable du paysage parisien. Depuis leur inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1991, les bouquinistes sont devenus des éléments emblématiques qui ajoutent au charme des quais de la Seine.
Ces marchands de livres ont une relation particulière avec la Ville de Paris. Contrairement à d’autres commerçants, ils ne payent pas de loyers ou de redevances. En échange d’une autorisation de stationnement d’un an, renouvelable, mais non transférable, ils sont responsables de l’entretien de leurs boîtes et de leur sécurité. Cette tradition remonte à Napoléon Ier et s’est renforcée sous Napoléon III avec la réglementation des bouquinistes, marquant ainsi leur intégration au tissu urbain de la capitale.
Le soutien de la Ville de Paris
Dans un communiqué, la Ville de Paris a exprimé son soutien envers les bouquinistes, reconnaissant leur rôle comme partie témoignant de l’identité des quais de la Seine. La Ville a indiqué que près de 570 boîtes pourraient être concernées par un éventuel déplacement, soit environ 59 % du total. Bien qu’elle n’ait pas remis en question la directive de la préfecture, la Ville de Paris a fait une proposition pour faciliter le déplacement des boîtes. Elle offre de gérer l’enlèvement et la réinstallation des boîtes, ainsi que de prendre en charge les frais de réparation pour celles endommagées lors du processus. De son côté, le représentant de l’Association culturelle des bouquinistes de Paris a émis des doutes sur la résistance de certaines boîtes pour le déplacement et a évalué le coût global de la rénovation de toutes les boîtes à environ 1,5 million d’euros. La municipalité a souligné que cette rénovation s’ajoutait à l’héritage des Jeux et que cela contribuerait « à appuyer la candidature des bouquinistes des Quais de Seine au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO». La Ville a également invité les bouquinistes à participer à un village dédié dans un quartier littéraire proche de la Seine.
La préfecture a ajouté que des discussions auront lieu à la rentrée entre les parties concernées, dans le but de réinstaller les boîtes le plus rapidement possible après leur éventuelle remise en état. La Ville de Paris a pris cet engagement pour minimiser les désagréments causés par cette situation.
Les bouquinistes vont-ils tourner la page ? Affaire à suivre…
Rédactrice digital nomade, écrit pour le blog depuis 2019.