Depuis le 24 octobre 2019, les amateurs d’art du monde entier se précipitent au Louvre pour côtoyer de près le génie Léonard de Vinci. À l’occasion du 500ème anniversaire de la mort du maitre de la Renaissance italienne, le musée propose une rétrospective de l’ensemble de sa carrière, aussi bien du scientifique assoiffé de connaissances que du peintre hors-pair. Un rendez-vous à ne pas manquer.
Une exposition historique
L’exposition Léonard de Vinci est un événement de grande envergure qui a nécessité 10 années de travail. Certains la qualifient déjà d’expo du siècle tant la richesse des pièces exposées est inégalable. Au total, ce sont 160 œuvres rassemblées, entre peintures, objets d’art, sculptures, dessins et manuscrits, prêtées par les plus prestigieuses institutions européennes et américaines. Une occasion unique de pouvoir admirer 11 de ses toiles, si l’on compte La Joconde qui ne bougera pas de sa salle habituelle, alors que les spécialistes n’attribuent qu’une vingtaine de peintures à Léonard De Vinci.
Plongée au cœur de la carrière d’un artiste pluridisciplinaire qui a su hisser l’art pictural au-dessus de tout, comme en témoignent ses chefs-d’œuvre qui ne cessent et ne cesseront de fasciner.
Itinéraire d’un génie
L’exposition propose un parcours chronologique du travail de Léonard de Vinci (1452-1519) à travers ses influences, ses œuvres et ses recherches. Au centre du premier espace à la lumière extrêmement tamisée pour protéger les pièces qui y sont exposées, trône une sculpture colossale en bronze aux drapés plus vrais que nature. Le Christ et saint Thomas ou L’Incrédulité de saint Thomas n’est pas signé De Vinci mais Andrea Del Verrochio, sculpteur de renom du 15ème siècle dont Leonardo di Ser Piero da Vinci était l’élève dans sa jeunesse florentine. Le long des murs, les draperies monochromes sur toile de lin qui reproduisent à merveille le mouvement du tissu grâce aux jeux d’ombres et de lumière, attestent des enseignements qu’il en a tiré.
Puis on quitte la sculpture pour la peinture et nous voilà face à la première réflectographie infrarouge, celle de L’Annonciation, peinte au début des années 1470. Cette technique, qui permet de visualiser le dessin au carbone situé sous les couches de peinture est l’occasion de constater les évolutions, les modifications faites en cours de réalisation, mais aussi l’incroyable travail de transitions d’ombres et de lumières pour le modelé des carnations des figures, domaine dans lequel De Vinci excellait. Un peu plus loin, celle de la Madone à l’œillet révèle la justesse des traits de construction de l’architecture de la pièce à l’arrière de la scène et démontre la méticulosité de l’exécution picturale.
À la fin des années 1470, alors que De Vinci a tiré le meilleur de l’enseignement de ses contemporains, il explore désormais son propre génie. Il rompt tout à coup avec la précision de ses précédentes œuvres, considérant à présent la forme comme n’étant qu’illusion car perpétuellement en mouvement. C’est le temps de la Madone Benois ou de la Vierge aux Rochers. Ces œuvres incroyables, exposées ici, sont accompagnées de dessins d’études de leurs compositions qui illustrent les années de travail et de recherches pour réussir à créer le mouvement ou l’expression juste d’un visage, d’un regard ou d’une main. Les réflectographies infrarouges donnent l’impression de voir jusque dans les entrailles de ces toiles. À voir également, le Saint Jérôme pénitent, à la fois représentation de la liberté de l’artiste mais aussi de sa tendance à l’inachèvement qui deviendra l’une de ses signatures.
La soif de connaissance
Le parcours se poursuit avec l’exploration d’une autre facette de Léonard de Vinci, celle d’un artiste animé par le désir perpétuel d’apprendre et de comprendre. De multiples carnets, des dizaines de dessins et d’écrits, à la fois expériences, recherches, réflexions, théories, sur autant de domaines différents que sont l’anatomie, les mathématiques, la physique, la zoologie, l’hydrologie, l’optique, l’astronomie, la botanique, l’architecture… sont disposés sous des vitrines en verre. Parmi les dizaines de documents exposés dans cette immense salle, on peut y découvrir le Codex de Windsor prêté par la Reine Elizabeth. L’homme de Vitruve était également de la partie, mais seulement pour 2 mois en raison de sa trop grande fragilité. Par ailleurs, cette grande pièce, aux allures de cabinet de curiosités dans laquelle la foule se bouscule, est dominée par une peinture magistrale : La Cène.
L’art d’insuffler la vie
La peinture, élevée au rang de science divine par Léonard de Vinci car capable de recréer le monde, capable d’imiter la vie dans le mouvement, s’exprime parfaitement dans La Cène. Ce chef-d’œuvre, peint par le maitre en 1497 dans le couvent des dominicains à Milan, s’est effondré au moment de sa conception. La toile exposée ici en est la plus fidèle reproduction, réalisée par l’un de ses élèves, Marco d’Oggiono, du vivant du maître. On pourrait passer des heures devant. Impressionnant.
On rejoint ensuite les visiteurs massés devant un petit tableau, ou plutôt une réflectographie infrarouge, mais pas n’importe laquelle. Il s’agit de celle de La Joconde. On peut alors y observer un dessin préparatoire d’une justesse sans précédent, témoignage incontestable de la maturité du maitre.
La fin approche et les œuvres magistrales s’enchainent. On découvre notamment une série d’études de l’immense Bataille d’Anghiari avant d’atteindre le clou du spectacle : la Sainte Anne, sa réflectographie et de nombreux dessins d’études de sa composition : recherche de la position de l’enfant Jésus, le visage d’Anne, les vêtements… Cette œuvre, commencée en octobre 1503 et achevée à, et par, la mort de Léonard de Vinci illustre typiquement son besoin de création et d’amélioration sans cesse des expressions, des figures, des habits qui ont permis d’atteindre une telle perfection, celle d’avoir réussi à insuffler la vie à ces personnages pourtant figés sur la toile. Avant de partir, on a la chance de croiser une autre œuvre du même registre, le Saint Jean Baptiste. Alors, pour compléter le trio de ces tableaux au travail en constante évolution, il ne manque plus que le portrait de Lisa Del Gioccondo et son regard plus vrai que nature qui semble nous percer à jour lorsque l’on a la chance de le croiser.
Comptez environ 1h30 pour visiter l’exposition. Réservation obligatoire sur le site du musée du Louvre (jour et créneau horaire). Forte de son succès, plus aucun billet n’était disponible jusqu’à sa clôture mais des créneaux en début de journée ont été ajoutés pour permettre au plus grand nombre de la visiter : ne tardez pas à réserver votre billet ! Une fois sur place, n’oubliez pas le petit livret à prendre à l’entrée de l’exposition, indispensable pour se repérer. Le billet inclut l’accès aux collections permanentes du Louvre, profitez-en !
Céline Coelho
Infos pratiques
Exposition Léonard de Vinci – 24 Octobre 2019 – 24 Février 2020
Musée du Louvre
Tarif unique (entrée au musée + expositions) : 17 € – gratuité sous certaines conditions
Réservation obligatoire sur : www.ticketlouvre.fr
Rédactrice digital nomade, écrit pour le blog depuis 2019.
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