Les feuilles tombent, les bottes ressortent, les écureuils bossent… et vous pouvez faire pareil. L’automne autour de Paris, c’est un garde-manger en plein air. Bonne nouvelle : en forêt, la cueillette est autorisée. On ramasse une quantité raisonnable, pour la maison, sans arracher les branches, comme le rappelle l’ONF. Le Lutèce du Parisien vous emmène dans trois terrains de jeu faciles d’accès : Montmorency pour les châtaignes, Rambouillet pour quelques noisettes et balades longues, Fontainebleau pour les cueilleurs patients. Et en bonus, on vous donne des idées de recettes pour rentabiliser le panier.
Montmorency : la forêt où les châtaignes tombent toutes seules (ou presque)
Bienvenue dans la forêt de Montmorency, la star francilienne des châtaignes. À seulement 20 km au nord de Paris, elle est décrite par l’ONF comme une “vaste châtaigneraie”, autrement dit, le coin rêvé pour remplir son panier sans quitter l’Île-de-France. Le décor : sentiers vallonnés, sous-bois dorés, et les bogues qui craquent sous les semelles.
La bonne période, c’est entre fin septembre et début novembre selon la météo. On ramasse uniquement les fruits tombés, on oublie les perches et les échelles : ici, c’est ambiance balade, pas chantier. Les secteurs autour de Saint-Prix, Taverny et Montlignon sont les plus riches, mais aussi les plus fréquentés : mieux vaut viser un matin en semaine pour éviter la foule du dimanche. Et si vous croisez un panier bien rempli, souvenez-vous : la règle, c’est le partage, pas le pillage.
Rambouillet à pas tranquilles : marcher, cueillir, respirer
Ici, on passe en mode rando gourmande. La forêt de Rambouillet, immense et vallonnée, n’est pas une châtaigneraie à proprement parler, mais elle offre de belles trouvailles pour les curieux : quelques châtaignes éparses, des noisettes en lisière, voire quelques noix du côté des hameaux agricoles. L’idée n’est pas de repartir avec dix kilos, mais de mêler cueillette et balade, entre deux haltes au bord de l’étang d’Or ou à la Chaumière des Bois. La forêt est très suivie par l’ONF, donc on évite les zones de quiétude et les réserves biologiques, souvent signalées sur les panneaux. C’est un coin parfait pour ceux qui préfèrent marcher, respirer et ramasser un peu. Une sortie qui sent bon la mousse, le calme et le retour du goûter maison.
Fontainebleau côté gourmand : une balade qui croustille
Avec ses 25 000 hectares, la forêt de Fontainebleau joue dans une autre catégorie. Ici, pas de “spot secret”, mais des coins à châtaignes disséminés un peu partout, souvent en lisière ou dans les massifs mixtes. Il faut marcher un peu, lever les yeux, observer et c’est tout le charme du jeu. Certains promeneurs signalent aussi des noix autour des anciens hameaux ou des fermes forestières. C’est la forêt idéale pour une journée famille + panier, avec pique-nique, cabanes de pierre et goûter final. Le cadre est somptueux, les sentiers sont vastes, et même si la récolte est modeste, la balade vaut l’effort. Petit conseil d’habitués : évitez les zones de grimpe très fréquentées le dimanche (massif des Trois Pignons, Apremont) et préférez les chemins calmes autour de Barbizon. Ici, on cueille peu, mais on respire beaucoup.

Ce que dit l’ONF (et qu’il vaut mieux suivre)
Avant de remplir votre panier, un petit détour par les règles de l’ONF s’impose.
- La cueillette en forêt domaniale est autorisée, mais uniquement de façon raisonnée : on parle ici d’un usage familial, soit quelques kilos maximum.
- Toute collecte commerciale est strictement interdite, tout comme le fait d’arracher des rameaux, de secouer les arbres ou de casser les branches.
- Les chiens doivent rester tenus en laisse, surtout pendant la période de chasse. Certaines communes peuvent d’ailleurs limiter la cueillette lors de ces tournées, donc on lit les panneaux à l’entrée ou on consulte la page “Vivre la forêt” sur le site de l’ONF avant de partir.
- Et dernier rappel, pas le moindre : on ne ramasse ni sur les terrains privés, ni dans les réserves biologiques. La nature partage, à condition qu’on la respecte.
L’équipement du ramasseur heureux
Pas besoin d’être scout, juste de ne pas venir en mocassins. Le ramasseur heureux part léger, mais bien équipé : un panier ajouré ou un sac en toile (le plastique fait transpirer les fruits), des gants épais pour éviter les piquants des châtaignes, et des chaussures de marche qui n’ont pas peur des feuilles mouillées. Une carte IGN ou une appli de rando hors connexion peut sauver la mise dans les coins profonds de Fontainebleau ou Rambouillet. Le meilleur moment ? Le matin, surtout après un jour de vent : les fruits tombent tout seuls. En revanche, après plusieurs jours de pluie, les châtaignes se gâtent vite. Bref, la nature fait sa part, à vous de choisir le bon créneau.
Bonus cuisine : on fait quoi avec ?
Une fois le panier rempli, direction la cuisine ! Deux options pour prolonger la balade sans se compliquer la vie.
- Les châtaignes grillées au four. On fait une petite entaille sur le dessus, on les étale sur une plaque, et hop, 20 minutes à 200 °C. Un peu de sel, un torchon pour les garder chaudes, et l’automne est dans le salon.
- Le gâteau aux noix express. Mixez 150 g de noix, ajoutez 100 g de sucre, 3 œufs, 80 g de beurre fondu, puis au four 30 min à 180 °C. Moelleux garanti, sans prise de tête.
- La pâte à tartiner noisette maison. Torréfiez 150 g de noisettes au four (10 min à 180 °C), mixez-les avec 2 cuillères de cacao non sucré, 2 de sucre glace et un filet d’huile neutre jusqu’à texture lisse. Résultat : un parfum de forêt et un goût de retour d’enfance.
Et avant tout ça, on trie soigneusement les fruits ramassés : seuls les secs, sains et sans trou de ver méritent la casserole (ou la tartine).
L’automne en Île-de-France, c’est une micro-campagne à portée de RER. Pas besoin de grand départ pour respirer : un panier, des amis, des enfants, et la forêt devient terrain d’aventure. On poste la photo de récolte plutôt qu’un tas de feuilles mortes, et on savoure le parfum des châtaignes grillées le soir même. Promis, les châtaigniers de Montmorency ne prévoient pas de déménager. Vous, par contre, vous y retournerez sûrement l’an prochain.
Rédactrice digital nomade, écrit pour le blog depuis 2019.