Combien d’entre vous sont allés au sommet de Montmartre et ont visité la basilique du Sacré-Cœur ? La vue de là-haut est à couper le souffle et vaut bien le déplacement. Fait étonnant et pourtant nouveau : la basilique du Sacré-Cœur vient seulement d’être classée monument historique ! Pourquoi ce classement tardif ? On vous explique ! Retour sur l’histoire de cette basilique, l’une des destinations touristiques les plus populaires de Paris.
Le Sacré-Cœur, monument historique construit au XIXe siècle
Le Sacré-Cœur de Montmartre est un bel exemple d’architecture du XIXe siècle, situé au sommet du point le plus élevé de Paris, sur la colline de Montmartre. Ce monument flotte au-dessus de la Ville Lumière, offrant aux visiteurs une vue étendue de la ville en contrebas.
L’époustouflante basilique du Sacré-Cœur est l’un des sites les plus emblématiques de Paris. Avec son étonnante structure blanche qui se dresse au sommet d’une colline près du quartier animé de Montmartre, cette basilique catholique à couper le souffle occupe une place spéciale dans le cœur des habitants et des touristes. La basilique néo-romane aux influences byzantines est le deuxième monument le plus visité de Paris (derrière Notre-Dame). Elle a bénéficié d’un concours et d’une participation nationale qui en font un lieu de renommée internationale, recevant 11 millions de visiteurs chaque année.
Si la basilique est aujourd’hui un lieu très apprécié, sa construction a fait couler beaucoup d’encre. En 1870, après la défaite de Napoléon III à Sedan, le peuple parisien souffre, en état de siège, les habitants en viennent même à tuer les animaux de la Ménagerie pour se nourrir. Ce qui a conduit à la capitulation du célèbre empereur et à l’horrible massacre lié à la grande commune de Paris (environ 30 000 morts). Les catholiques considèrent alors ces faits douloureux comme une punition divine. Ils se rassemblent et organisent des grandes processions en promettant d’ériger un monument pour rendre hommage au sacré-cœur de Jésus. Pour bénéficier d’une meilleure protection divine et pour que le monument soit davantage visible par le plus grand nombre, on décide de l’ériger sur une colline. Monseigneur Guibert, alors Archevêque de Paris, aurait eu une révélation lors de sa visite à Montmartre, le lieu est choisi ! L’édification commence en 1875. Les travaux de construction ne s’annoncent pas forcément bien : les ouvriers se rendent compte que les sols sont formés de carrières fragiles. L’architecte consolide les sols avant d’envisager l’édification de la basilique. La blancheur de la pierre du Sacré-Cœur est due à la roche calcaire de Chateau-Landon, qui a la capacité d’être blanchie par le temps et l’eau de pluie. En 1914, le clocher est mis en place et les travaux sont alors terminés.
La guerre de 1914 laisse la basilique non consacrée pendant cinq ans. Cet énorme projet de construction a été financé par les Parisiens eux-mêmes, qui ont acheté chacun une à trois pierres (pour des prix de 120 à 500 francs), des dons provenant de toute la France ont complété le financement.
Pour se rendre à la basilique du Sacré-Cœur aujourd’hui, il est possible d’emprunter le square Louise Michel avant de gravir les 222 marches. Les moins sportifs peuvent emprunter le funiculaire construit depuis 1901.
Le Sacré-Cœur, enfin classé au titre des monuments historiques en 2022
Un siècle après sa consécration, la basilique du Sacré-Cœur sera désormais protégée au titre des monuments historiques. En effet, il n’y a eu, jusqu’à aujourd’hui, aucune protection pour cet édifice alors que 1 957 sites parisiens, dont 66 églises, sont toujours inscrits ou classés au titre des monuments historiques.
Des décennies de controverses autour de la basilique, entourant ce qui lui a valu la distinction d’être symbole de division entre deux France opposées, une ultra-catholique et l’autre anticléricale, ont pris fin lorsque la Commission nationale du patrimoine s’est accordée à l’unanimité et sans débat pour donner son approbation. Une longue période controversée sur le plan politique s’achève, car la basilique du Sacré-Cœur est vue par certains comme étant le symbole du répressif ordre moral qui a conduit à l‘écrasement sanglant de la Commune en 1871. Les gouvernements et le chef d’État à l’origine de la construction du Sacré-Cœur sont les mêmes qui ont orchestré une des pires répressions par le biais de l’exécution massive des membres de la Commune durant la « Semaine Sanglante ». La complexité de l’histoire du Sacré-Cœur a conduit à des conflits entre politiciens et historiens, ce qui explique en partie le classement tardif de la basilique aux monuments historiques.
Après des années de débats et de négociations, la Ville de Paris a atteint son objectif lorsque le Sacré-Cœur s’est vu être classé parmi les monuments historiques. Les élus parisiens ont en effet acté cette demande le 11 octobre 2022. La campagne initiée en 2011 visait à offrir une protection supplémentaire aux églises locales. Le classement aux monuments historiques rendra les travaux éventuels plus supportables, car la Drac (Direction régionale des affaires culturelles) prendra en charge jusqu’à 40 % du coût des travaux, contre seulement 20 % auparavant.
La basilique du Sacré-Cœur bénéficiera d’une protection complète, en plus de ses annexes, de son terrain et des grilles qui entourent le bâtiment. Ses aménagements paysagers ainsi que les trois escaliers pour y accéder seront également inclus dans cette protection.
L’atmosphère paisible du Sacré-Cœur offre un répit par rapport à l’agitation de la ville et les visiteurs peuvent profiter d’une vue imprenable depuis le sommet. Ce lieu célèbre est devenu universel, dans de nombreuses villes touristiques du monde entier, il n’est pas rare de trouver des répliques ou des interprétations des célèbres dômes et flèches du Sacré-Cœur.
Se pourrait-il que le classement du Sacré-Cœur aux monuments historiques signe un pas en avant vers une éventuelle inscription de la butte Montmartre au patrimoine mondial de l’Unesco ? À suivre …
Rédactrice digital nomade, écrit pour le blog depuis 2019.
