Pas bête, l’artiste ! Pour assurer sa postérité, Auguste Rodin a légué ses collections, ses lettres et toutes ses œuvres à l’État… À la condition que l’hôtel Biron, près proche des Invalides, où il avait été locataire depuis 1908, soit transformé en un musée à son nom. Là, il avait occupé d’abord une puis plusieurs pièces du rez-de-chaussée. Pour recevoir, sculpter… Le travail de toute une vie.
L’hôtel Biron, l’antre d’Auguste Rodin, un hôtel particulier du XVIIe siècle avec son écrin de verdure de trois hectares.
Quand je m’y rends, début septembre, l’hôtel est en pleine rénovation. Dommage ! Le musée indique, bien qu’il soit national, qu’il autofinance sa restauration. Pas de subventions publiques donc, mais quelques mécènes.
Il ne faudra plus attendre très longtemps. Sa réouverture est prévue le 12 novembre prochain. En attendant, il est possible de visiter l’exposition éphémère qui montre, côté coulisses, les chefs-d’œuvre de sa collection vus sous l’angle du travail d’atelier et du geste créateur. Il est fascinant d’apercevoir l’évolution du travail de l’artiste, ses essais, ses esquisses en plâtre avant que soit façonnée l’œuvre finale, a avec l’aide de ses assistants, ses mouleurs et ses modèles.
Son laboratoire de création
Pour restituer l’ambiance de ce véritable “laboratoire de création”, ce sont 140 de ses œuvres qui sont exposées, dont plus de 100 plâtres sortis de leur réserve. L’occasion à ne pas rater pour pénétrer et comprendre l’univers de Rodin.
L’exposition retrace donc son parcours, de ses débuts jusqu’aux commandes publiques : La Porte de l’enfer (1880-1900) ; Victor Hugo (1889-1897-1901) ; ou Balzac (1898)… Les œuvres achevées, en bronze ou en marbre, se trouvent dans le jardin.
Le jardin, un havre de paix
Le jardin, justement, est lui-même une belle curiosité. Avec son air de campagne au cœur de Paris, il présente une végétation taillée, maîtrisée, alors qu’elle avait, jadis, des allures de forêt vierge, avec des herbes hautes telles que les aimait le sculpteur.
Il se partage désormais entre une roseraie au nord du musée et un grand parterre, au sud, tandis qu’au fond une terrasse et une charmille offrent un espace de repos.
À l’occasion de la rénovation du jardin en 1993, le paysagiste Jacques Sgard a créé deux parcours thématiques qui encadrent le tapis vert central : le “Jardin d’Orphée”, où végétation et rocailles s’entremêlent, et le “Jardin des Sources” dont les sentiers sinueux sont jalonnés de points d’eau.
Un lieu poétique où il faut bon se promener, surtout par beau temps. Un café pour se restaurer, de grands platanes… Et les œuvres éparpillées un peu partout, des trésors à découvrir en se laissant le temps de les admirer, de les détailler : Le Penseur, Les Bourgeois de Calais, La Porte de l’enfer et nombre d’autres sculptures aux visages expressifs, déchirés, et qui donnent l’impression de porter la douleur de la condition humaine sur leurs épaules. Des réalisations qui ne laissent pas indifférent et qui ont parfois provoqué des rejets violents à l’époque de l’artiste.
Cette visite a été pour moi une belle surprise. J’ai découvert un havre de paix en plein Paris. J’ai également été émerveillée en “perçant” les “secrets de fabrication” des œuvres exposées.
Marina Al Rubaee
Pour en savoir plus :
Musée Rodin
79, rue de Varenne
75007 Paris
Téléphone : +33 (0) 1 44 18 61 10
Site Internet : www.musee-rodin.fr