Paris est un terrain de jeu idéal pour voyager sans avion. En quelques stations de métro, on peut passer du Japon à la Chine, goûter des saveurs exotiques et s’immerger dans des cultures millénaires. Vous aussi, prêt pour une échappée dépaysante dans la capitale ? Suivez le Lutèce du Parisien pour un itinéraire gourmand et culturel. Embarquement immédiat, sans décalage horaire !

Paris et l’Asie en chiffres
La capitale compte une importante communauté asiatique – la diaspora chinoise de France, forte de 600 à 700 000 personnes, est la plus grande d’Europe, dont une grande partie vit en Île-de-France. Quant à la communauté japonaise, elle compte environ 16 000 ressortissants nippons résidant à Paris.
Pas étonnant que les cuisines d’Asie soient chéries des Parisiens : deux Français sur trois déclarent manger asiatique au moins une fois par mois, et 64 % avouent adorer les nems vietnamiens, talonnés par le riz cantonais (59 %). Dans le Top 5 des plats asiatiques préférés figurent également les nouilles sautées (49 %), les rouleaux de printemps (48 %) et la tempura japonaise (48 %). Les sushis ne viennent qu’un peu plus loin (37 % des Français les plébiscitent), mais cartonnent chez les jeunes (44 % des moins de 35 ans).
Escale nippone : Tokyo-sur-Seine
Commençons ce tour du monde asiatique par le pays du Soleil-Levant sans quitter les bords de Seine. Direction le 1er arrondissement, où la rue Sainte-Anne, indémodable, demeure la référence absolue en matière de restaurants japonais à Paris. Dans ce quartier qui fait figure de Little Tokyo local, on ne compte plus les établissements authentiques où l’on peut slurper un bol de ramen fumant ou déguster de généreux udon comme à Shinjuku.
L’offre nippone à Paris est pléthorique : près de 1000 restaurants se disent japonais dans la capitale (même si seuls 1 sur 10 serait un « vrai » resto nippon selon les puristes du pays). Sushi-bars, izakayas et échoppes à gyozas ne manquent pas autour de l’Opéra. À l’heure du déjeuner, faites la queue avec les habitués devant Higuma pour ses soupes et gyozas réputés, ou bien craquez pour un bento à emporter chez Juji-Ya, traiteur nippon historique du quartier.
En dessert, une pause sucrée s’impose chez Aki Boulanger pour un dorayaki moelleux ou un éclair au thé matcha, ou encore chez le célèbre pâtissier Sadaharu Aoki qui marie techniques françaises et parfums japonais (ses macarons au yuzu et ses entremets au sésame noir font voyager les papilles).

Après cette escale gourmande, place à la culture. Non loin de là, le musée Guimet (16e) abrite l’une des plus riches collections d’arts asiatiques au monde, notamment de superbes kimonos et estampes ukiyo-e.
Pour une plongée 100% japonaise, filez vers le 15e arrondissement visitez la Maison de la Culture du Japon à Paris (MCJP). Ce vaste bâtiment de verre et d’acier, fruit d’une initiative franco-nipponne inaugurée en 1997, propose toute l’année des expositions d’art, des conférences, des projections de films et même des démonstrations de cérémonie du thé. On peut y assister à un concert de koto traditionnel un jour, à un atelier d’ikebana le lendemain.
Pour les amoureux de lecture, rendez-vous à la librairie Junku (rue des Pyramides), véritable caverne d’Ali Baba du livre japonais (mangas, romans, magazines importés). Enfin, ne partez pas avant de faire un tour au jardin japonais du Musée Albert-Kahn (Boulogne) ou au parc de Sceaux au printemps, où les cerisiers en fleur créent un tableau digne de Kyoto.
En été, Paris vibrera même au rythme de la Japan Expo, grand rendez-vous annuel de la pop-culture japonaise.
Cette passion parisienne pour le Japon ne date pas d’hier : dès les années 1960, de premières épiceries nipponnes ouvraient dans la capitale, et aujourd’hui la communauté japonaise locale dépasse les 15 000 personnes. Que ce soit dans l’assiette ou dans les loisirs, la « Japan mania » s’est ancrée dans le quotidien des Parisiens – il n’y a qu’à voir le succès des cafés Kitsuné ou des expositions sur le kabuki au Quai Branly.
Maintenant, direction le continent chinois !

Escale chinoise : un voyage en Chine dans le 13ᵉ
Pour la deuxième étape de ce tour du monde parisien, cap au sud-est de la ville, dans le triangle d’or formé par les avenues de Choisy, d’Ivry et le boulevard Masséna. Vous voici au cœur du 13ᵉ arrondissement, le quartier chinois de Paris par excellence. Dépaysement garanti : enseignes en idéogrammes, pagodes de béton et statues de lions dorés décorent ce morceau de ville qui abrite majoritairement des communautés d’origine chinoise, vietnamienne, cambodgienne et laotienne. C’est l’un des plus grands Chinatowns d’Europe, né dans les années 1970 lorsque des réfugiés d’Asie du Sud-Est s’y sont installés en masse.
Commencez par une virée shopping exotique. Au 48 avenue d’Ivry trône le supermarché Tang Frères, véritable institution fondée en 1976, où des allées entières regorgent de produits venus de Pékin, Hong Kong ou Hanoï. Poissons, durians à l’odeur envoûtante, épices multicolores et sacs de riz de 20 kg, l’exploration de Tang Frères vous transportera dans un marché asiatique authentique. À la sortie, grignotez quelques bouchons pékinois ou des jiǎozi (raviolis vapeur) vendus chez les traiteurs voisins. Pour le goûter, laissez-vous tenter par une pâtisserie chinoise : la tartelette aux œufs hongkongaise ou le flan coco de la Pâtisserie de Choisy font partie des douceurs du quartier.

Côté culture, le 13ᵉ ne manque pas de trésors. Chaque année, vers janvier-février, le Nouvel An chinois est fêté en grande pompe avec un défilé haut en couleur dans les rues du quartier. Dragons dansants, lions rutilants, pétards et costumes traditionnels attirent des dizaines de milliers de spectateurs émerveillés.
Plus discrète mais tout aussi fascinante, la Grande Pagode du bois de Vincennes (Paris 12ᵉ) mérite le détour : elle abrite le plus haut Bouddha d’Europe, un immense bouddha doré de plus de 9 m de haut. Ce temple bouddhiste, installé dans un ancien pavillon de l’Exposition coloniale de 1931, organise des cérémonies et festivals ouverts au public (Fête du Vesak, Nouvel An bouddhique).
Pour approfondir votre connaissance de la culture chinoise, vous pouvez également visiter le Musée Cernuschi (situé près du parc Monceau), consacré aux arts de l’Asie orientale. Admirez les bronzes et céramiques de Chine antiques, ou faites un saut au Centre culturel de Chine (rue de Babylone, 7ᵉ) qui propose des expositions et des cours de calligraphie.
Terminez votre périple asiatique par un dîner dans l’une des adresses emblématiques du 13ᵉ. Les aficionados du canard laqué se retrouvent chez Tricotin ou Tang Gourmet. Pour une ambiance plus intimiste, le restaurant Chez Vong (1er arrondissement) propose depuis des décennies une cuisine chinoise raffinée dans un décor de pagode en plein Châtelet.

Ce parcours gourmand et culturel nous a menés du Japon à la Chine sans quitter la capitale. Bien sûr, nous avons fait l’impasse sur d’autres escales asiatiques tout aussi dépaysantes ; le pho et le banh-mi de Belleville (Vietnam) ; le curry massaman de la rue Saint-Jacques (Thaïlande) ou le barbecue K-BBQ du quartier Sainte-Anne (Corée) mériteraient un voyage à eux seuls. Mais difficile de tout voir ! L’essentiel était de montrer qu’il est possible de s’offrir un tour d’Asie à Paris. Alors que vous soyez passionné de mangas, amateur de dim sum, curieux d’apprendre le taï-chi ou simplement en quête d’un dépaysement culinaire, suivez nos étapes et laissez-vous transporter. Bon voyage… sans quitter Paname !
Rédactrice digital nomade, écrit pour le blog depuis 2019.