À la découverte du Paris Proustien

Jusqu’au 10 avril 2022, l’exposition « Marcel Proust, un roman parisien » au Musée Carnavalet – Histoire de Paris, propose aux amoureux de la capitale de plonger dans le Paris de l’auteur de La Recherche. À travers 280 objets exposés, elle dévoile l’intime relation entre l’écrivain et la ville et met en lumière la place de celle-ci dans son œuvre.

Le quotidien parisien de Proust

La première partie de l’exposition propose d’emboiter le pas proustien et de se rendre dans les coins favoris de l’écrivain, des appartements où il vécut, mais aussi dans les lieux fréquentés par les personnages de son roman.

Le parcours chronologique retrace les différentes adresses de l’auteur, de sa naissance à Auteuil dans le 16ème arrondissement en 1871, en passant par son enfance au 8, rue Roy et boulevard Malesherbes dans le 8ème, son installation rue de Courcelles puis boulevard Haussmann, à sa dernière demeure dans le 16ème arrondissement. Proust a passé la majeure partie de sa vie au cœur de la capitale jusqu’à sa mort, à l’âge de 51 ans. Paris est même le cadre quasi exclusif de son existence, principalement rive droite, où résident l’aristocratie et la grande bourgeoisie de l’époque qui lui donnent, dès son plus jeune âge, le goût de la littérature.

Pour illustrer ses jeunes années, des peintures et des photographies de ses parents sont exposées ainsi que quelques clichés de l’auteur à l’époque où il étudiait au lycée Condorcet, d’où il sortira bachelier en 1889. On retrouve aussi des toiles de ses activités extra-scolaires favorites : visites au musée, à l’Opéra, au théâtre, au cabaret où il parfait, année après année, son esthétisme et sa culture. Poussé par son père, il entreprend des études de philosophie et de sciences politiques, est reçu au concours d’attaché non rémunéré à la bibliothèque Mazarine mais décline le poste pour se vouer à l’écriture et à sa vie mondaine trépidante. Dans les salons, cercles littéraires et artistiques, il fait la rencontre de nombreux aristocrates tels que Robert de Montesquiou qui lui ouvriront les portes des cercles les plus fermés. Chroniqueur mondain pour Le Figaro, organisateur de dîners, il reçoit à sa table artistes et aristocrates et fréquente les lieux les plus prisés de la capitale.

Les adresses de ses amis, des salons, restaurants, cafés, musées, galeries, salles de concert et de spectacles ou encore des maisons closes où il aimait mettre les pieds sont réunies sur une carte interactive sur laquelle se dessine un périmètre relativement étroit contenu entre l’Étoile, le Bois de Boulogne, Auteuil, la place de la Concorde et le Parc Monceau, périmètre dont Proust ne sortait qu’occasionnellement.

La chambre de Proust, l’antre de la création

Progressivement, la santé de Proust se dégrade. Souffrant d’asthme, il se cloitre dans sa chambre qu’il ne quitte que le soir pour aller à l’Opéra, au théâtre ou dîner avec ses amis « pour voir la façon dont les gens vieillissent » disait-il, et ainsi nourrir ses travaux d’écriture romanesque. L’exposition propose une plongée immersive dans l’intimité de sa chambre à travers les éléments de mobilier qui la composaient : une chaise longue recouverte d’un imprimé floral – les seules fleurs de sa chambre, sans pollen ni parfum -où s’installaient les amis qui venaient lui rendre visite. Mais aussi sa canne, son manteau et son lit, où il rendra son dernier souffle le 18 novembre 1922.

La visite de la chambre de Proust est sans aucun doute le point culminant de l’exposition. Mais outre le mobilier, ce qui retient mon attention, c’est une vidéo de Céleste Albaret, employée de maison de l’écrivain qui raconte ce matin de l’automne 1922, lorsque Proust lui annonce qu’il a enfin achevé son œuvre. « Cette nuit, j’ai mis le mot “fin”. […] Je peux mourir maintenant » lui dit-il.

Durant tout le temps qu’elle fut à son service, Céleste assista Proust dans sa création. C’est elle qui se chargeait de coller ses « paperolles », comprenez les morceaux de papier et feuilles volantes sur lesquels Proust écrivait, dont certaines sont exposées. Découvrez la version longue de la vidéo juste ici.

La chambre, c’est aussi l’espace de transition de l’exposition. Après avoir découvert les lieux de vie, de divertissement, de plaisirs de l’écrivain qui ont indéniablement nourri son œuvre, créée ici, au beau milieu de ce mobilier, nous quittons la chambre pour entamer la visite des coins parisiens qui ont édifié l’architecture de La Recherche.

Paris dans l’œuvre de Proust

À la recherche du temps perdu dépeint la capitale du début du Second Empire (1852-1870) aux prémices des années 1920. Observateur, même voyeur, de la ville et de ses habitants, Proust recueille les changements qui s’opèrent dans les lieux évoqués dans son œuvre au fil des années. La suite du parcours propose un zoom sur certains de ces lieux clés. Tout d’abord, le quartier des Grands Boulevards, toile de fond de la poursuite d’Odette par Swann, très épris de la jeune femme dans le premier opus de La Recherche. La balade se poursuit avec le quartier des Champs-Élysées, théâtre de la fameuse histoire de la madeleine, ou encore le Bois de Boulogne et le Faubourg Saint-Germain.

L’évocation de tous ces lieux s’accompagne de tableaux, photos, objets, textes, maquettes et archives sonores pour retranscrire l’ambiance dont s’est imprégné Proust pour créer le décor de La Recherche, entre fiction et réalité.

Après cette heure et demi de visite dans le Paris de Proust, nul doute qu’en sortant vous filerez chez votre libraire pour vous procurer Du côté de chez Swann, premier des 7 tomes d’À la recherche du temps perdu. C’est en tout cas ce que j’ai fait car l’exposition a sacrément attisé ma curiosité…

Céline Coelho

Infos pratiques

MARCEL PROUST, UN ROMAN PARISIEN

Du jeudi 16 décembre 2021 au dimanche 10 avril 2022

Musée Carnavalet – Histoire de Paris, 23 Rue de Sévigné, 75003 Paris

Tarif : 11 euros billet adulte, gratuité à certaines conditions, réservation en ligne conseillée


A propos Céline Coelho

Rédactrice digital nomade, écrit pour le blog depuis 2019.

A la découverte de la Place des Vosges : ici

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