Exposition Vivian Maier : portrait d’une artiste aussi secrète que talentueuse

Jusqu’au 16 janvier 2022, l’exposition Vivian Maier vous attend au Musée du Luxembourg. Photographe amateure devenue célèbre après sa mort, Vivian Maier est aujourd’hui reconnue dans le monde entier pour sa capacité à capter la vie et l’instant présent. Tout de suite, notre débriefe post visite.

Qui est Vivian Maier ?

Vivian Maier est née le 1er février 1926 à New-York, d’une mère française et d’un père américain. Après la séparation de ses parents en 1929, elle reste auprès de sa mère et séjourne quelques temps chez une amie française qui vit dans le Bronx : Jeanne Bertrand. Cette-dernière, photographe professionnelle, transmet sa passion à la mère et la fille. 3 ou 4 ans plus tard, toutes deux regagnent la France et s’installent dans la vallée du Champsaur, la région natale de la maman. Puis, en 1938, elles embarquent à bord du Normandie pour rejoindre New-York de nouveau. Après la seconde Guerre Mondiale, Vivian devenue une jeune femme fait quelques aller-retours entre la France et les Etats-Unis, toujours munie d’un appareil photo en bandoulière qui l’accompagnera jusqu’à la fin de sa vie. En avril 1951, elle devient gouvernante pour une famille de Southampton avant de poser définitivement ses bagages à Chicago en 1956. Elle est engagée à son arrivée par la famille Gensburg pour s’occuper de leurs 3 enfants. Être nounou n’a jamais été la grande passion de Vivian Maier et dès qu’elle le pouvait, elle s’adonnait à l’activité qui la faisait vraiment vibrer : la photographie. Elle aimait capturer la vie quotidienne, les passants, les habitants, les enfants, les travailleurs, les riches, les pauvres, en bref, voir jouer les acteurs de la ville devant son objectif.

Femme discrète, elle n’a jamais montré ses clichés de son vivant et poursuivra son job de nounou jusqu’à quasiment la fin de ses jours. Elle décède le 21 avril 2009 à Chicago. Vivian Maier est devenue célèbre de façon posthume puisque ses photos et de nombreux négatifs qui n’avaient pas été développés n’ont été découverts qu’après son décès par John Maloof, collectionneur et documentariste américain qui s’est lancé pour défi de faire toute la lumière sur l’œuvre de Vivian Maier. Artiste prolixe et talentueuse, elle est désormais reconnue comme l’une des plus grandes photographes du 20ème siècle.

Un panorama inédit du travail de Vivian Maier

L’exposition propose aux visiteurs de découvrir l’ensemble du travail de Vivian Maier, des années 50 à la fin des années 80. Son style, entre la photographie humaniste et la street photography, est un doux mélange entre ses origines françaises et américaines. Dotée d’une sensibilité unique, les clichés et les films de Vivian Maier sont comme des journaux, parfois intimes, à travers lesquels l’artiste donne un poignant aperçu de l’évolution sociale et politique de la société américaine.

Parmi les grands thèmes abordés lors de l’exposition, on retrouve, bien entendu, les scènes de rue. Théâtre du quotidien où se joue la vie des uns et des autres, la rue est le cadre favori de Vivian Maier. En déambulant dans la ville, elle photographie ce qui se trame sous ses yeux jour après jour, en particulier dans les quartiers ouvriers de New-York et Chicago. Elle capture ainsi des instants de vie, des habitudes, des surprises, des anecdotes… Les anonymes sont ses modèles et parfois, elle s’arrête sur un visage et le prend en photo de plus près. Certains d’entre eux racontent et témoignent de misère, de pauvreté, de marginalité et s’opposent ainsi à ceux de dames élégantes de la haute société. Afin qu’ils reflètent la vérité, ces portraits sont pris dans l’instant, frontalement, pour ne pas laisser le temps au masque du paraitre de couvrir le visage de ses modèles.

Par ailleurs, l’exposition met également en avant le goût de l’artiste pour les autoportraits. Vivian Maier s’invite régulièrement dans ses clichés en utilisant différents procédés tels que l’ombre, le reflet ou l’image dans l’image. Elle se joue parfois des spectateurs en apparaissant très subtilement dans un coin du cadre, obligeant à s’arrêter plus longuement devant la photo pour la trouver façon Où est Charlie ?

L’exposition consacre aussi une partie aux parenthèses, aux moments suspendus, aux gestes furtifs, automatiques, aux mimiques et aux réflexes. Un homme d’affaires faisant une sieste sur un banc, un bâillement en sortant du travail, un zoom sur des mains qui tiennent un journal, des sourires, des rictus… L’artiste immortalise ces instants hors du temps et ces détails qui font l’identité des gens.

Une partie de l’exposition met en avant son goût pour le cinéma et sa façon d’appliquer le langage cinématographique à la photographie. Progressivement, le mouvement s’invite dans ses images et petit à petit, la couleur aussi.

À la fin du parcours, une autre thématique est mise en lumière : l’enfance, comme un clin d’œil à son métier de gouvernante. Peut-être aussi un hommage à ceux qui l’ont sans doute beaucoup inspirée et lui ont transmis cette aptitude à regarder le monde qui l’entoure de façon émerveillée, en le découvrant sans cesse et en se laissant surprendre sans arrêt.

Tout au long de la visite, une playlist créée par la musicienne Emilie Weibel accompagne les visiteurs qui le souhaitent. Pour l’écouter, il suffit d’installer l’application Musée du Luxembourg-Sénat avant de se lancer. Chaque étape du parcours est également ponctuée de citations bien choisies, dont une qui m’a particulièrement marquée en ces temps compliqués :

« Il y a quelque chose dans l’esprit humain qui survivra et prévaudra, il y a une petite lumière brillante qui brûle dans le cœur de l’homme et qui ne s’éteindra pas, quelle que soit l’obscurité du monde ». Léon Tolstoï, La sonate à Kreutzer, 1889

Pourquoi aller voir l’exposition ?

En sondant mon ressenti en quittant le Musée du Luxembourg, j’ai eu une sensation de trop peu, de pas assez et en jetant un œil à ma montre, je me suis rendue compte qu’il ne m’avait même pas fallu une heure pour faire le tour de l’exposition. Et ce, non pas en la survolant, bien au contraire, en prenant le temps de tout observer avec attention. Pourtant, j’en voulais encore ! Mais en poursuivant mon chemin pour rentrer chez moi, j’ai fini par me dire que c’était peut-être le timing parfait. Car même si j’ai eu l’impression de rester un peu sur ma faim, je peux facilement me repasser le parcours de l’exposition et me souvenir de quasiment tout ce que j’ai vu. Je n’ai pas eu le temps de décrocher, ni de m’ennuyer et je garde en mémoire des clichés qui m’ont particulièrement touchée. Alors, en attendant le réveillon de la Saint-Sylvestre, pour décuver le 1er janvier ou pour bien démarrer l’année, c’est l’exposition à ne pas manquer !

Céline Coelho

Informations pratiques

Exposition Vivian Maier – Du 15 septembre 2021 au 16 janvier 2022

Musée du Luxembourg, 19 Rue de Vaugirard, 75006 Paris

Du lundi au dimanche de 10h30 à 19h, nocturne le lundi jusqu’à 22h

Ouvert le 1er janvier 2022 et le 31 décembre 2021 jusqu’à 18h

Prix du billet : à partir de 13 euros sur place pour un adulte (tarif réduit et gratuité sous certaines conditions)

La réservation en ligne n’a rien d’obligatoire. Même si certains jours semblent complets sur le site, n’hésitez pas à aller directement sur place, vous devrez simplement patienter 15-20 minutes avant d’entrer.


A propos Céline Coelho

Rédactrice digital nomade, écrit pour le blog depuis 2019.

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