Napoléon à la Villette, une exposition Impériale

Jusqu’au 19 décembre 2021, la Grande Halle de la Villette rend hommage à l’un des personnages français les plus emblématiques de son histoire : Napoléon Bonaparte. Organisée à l’occasion du bicentenaire de la mort de l’Empereur, elle propose une vision moderne et actualisée de cet homme complexe et romanesque à l’incroyable destin. Grâce à une scénographie très réussie, un parcours savamment étudié, des éclairages captivants et un juste choix des pièces présentées, l’exposition est une réussite.

Un parcours didactique
David Jacques Louis (1748-1825). Versailles, ch‚teaux de Versailles et de Trianon. MV1567.

Découpée en 9 grandes parties, l’exposition Napoléon invite à retracer les grandes étapes de la vie et de la carrière de l’Empereur. Mais avant d’entamer la visite, nous voilà dans une salle sombre, assis face à grand écran blanc, patientant sagement au rythme du titre Napoléon Says du groupe français Phoenix.

Tout à coup, une vidéo est lancée et nous voilà propulsés en plein 18ème siècle pour faire le point sur la situation géopolitique de l’époque. La vidéo est une excellente idée mais un chouïa trop rapide si l’on a raté quelques cours d’histoire au lycée. 

Une fois terminée, on débute ce parcours chronologique vivant, dynamique et bien rythmé en se plongeant dans l’enfance du futur empereur. On y découvre – sans grande surprise – un adolescent solitaire et autoritaire, à l’écart de ses camarades lors de ses années d’étude au collège militaire de Brienne. On passe ensuite aux campagnes d’Italie, à celles d’Egypte, puis au coup d’État du 18 brumaire et au début du Consulat et à l’avènement de l’Empire. On admire ensuite le faste de sa cour avant de plonger dans sa vie intime avec ses femmes, Joséphine et Marie-Louise, dont il disait qu’ « elles avaient un caractère diamétralement opposé. Jamais femmes ne se sont moins ressemblé. Joséphine était toutes les grâces, Marie-Louise, l’innocence et la vertu ». Sa maitresse, Marie Walewska n’a pas été oubliée, tout comme ses fils, qu’ils soient légitimes ou non. C’est ensuite Napoléon le chef de guerre que l’on côtoie, ses victoires comme celles d’Austerlitz, Iéna, Friedland ou Wagram, sa suprématie sur l’Europe avant son déclin avec les campagnes d’Espagne (1808) et de Russie (1812), sa chute à Waterloo (1815) et son exil sur l’île d’Elbe puis à Sainte-Hélène où il décède en 1821.

Une scénographie grandiose et des pièces judicieusement sélectionnées
Gros Antoine-Jean, baron (1771-1835). Paris, musÈe de la LÈgion d’Honneur. INV04378.

Le travail de la scénographie est assez spectaculaire et ce, tout au long du parcours. Particulièrement réussie : l’impressionnante salle du trône située au centre de la grande Halle autour de laquelle s’articulent les autres espaces de l’exposition. Dans cette rotonde, on découvre le trône de l’Empereur, exceptionnellement prêté par le Sénat, majestueusement installé sur une estrade sous des tentures de 9 mètres de haut. Autre installation monumentale, l’immense projection animée du Sacre de David qui permet de décrypter tous les codes et enjeux de ce moment clé de l’histoire de France. Sans oublier, la projection d’un extrait cinématographique de la charge dans la neige du Colonel Chabert lors de la bataille d’Eylau (1807) qui accroche le visiteur tant par la démesure de l’écran que par les effets sonores. Pour parfaire la scénographie, les choix des couleurs et de la luminosité n’ont pas été laissés au hasard.

Vela Vincenzo (1820-1891). Versailles, ch‚teaux de Versailles et de Trianon. MV5046.

Au total, 150 pièces sont présentées. Ni trop, ni trop peu. Juste ce qu’il faut. À la différence de certaines expositions où il est quasiment impossible de jeter un œil à l’ensemble des pièces sans y passer la journée, ici, en 1h30 – 1h45 en fonction de la fréquentation des lieux – on peut tout observer tranquillement, sans se presser : lire les textes et descriptions proposés, s’arrêter devant chaque tableau et visionner toutes les vidéos.

Parmi les éléments exceptionnels exposés, « la Victoire », berline commandée par Napoléon 1er pour son mariage avec Marie-Louise, qui en met plein les yeux aux visiteurs. Exceptionnelle aussi, la très spectaculaire tente de campagne avec son mobilier d’origine incroyablement mise en valeur dans une superbe mise en scène, ou encore, un canon et un caisson à munitions d’époque, un dromadaire naturalisé et une reproduction de la pierre de Rosette découverte à la suite des campagnes d’Egypte qui ont déclenché une vague d’égyptomanie et ouvert la voie à l’Egyptologie. Napoléon considérait d’ailleurs l’Egypte comme l’« un des plus beaux, de plus productifs et des plus intéressants pays du monde; c’est le berceau des arts et des sciences ».

On y découvre aussi l’édition originale du Code Civil datant de 1804 dont 60% est resté inchangé à nos jours. De quoi rappeler que Napoléon a conçu un système législatif proche de celui de notre démocratie actuelle. Bien entendu, des tableaux rythment la visite dont de nombreux portraits de Napoléon tels que Bonaparte au pont d’Arcole, (17 novembre 1796) d’Antoine-Jean Gros, premier tableau iconique du futur Empereur ou son portrait peint par David intitulé Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard (1801) qui n’est autre que l’image la plus emblématique de l’empereur, montré comme « calme sur un cheval fougueux ». Preuve que Napoléon 1er maitrisait parfaitement son image et savait s’en servir comme outil de communication.

Des éclairages pédagogiques

Tout au long de l’exposition, des spécialistes interviennent au travers de vidéos explicatives pour apporter leur regard aiguisé sur différentes thématiques. Proposées par la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage, celles projetées dans la partie consacrée au rétablissement de l’esclavage et au projet colonial de Napoléon Bonaparte ont particulièrement attiré notre attention car elles permettent, entre autres, de mieux comprendre le contexte et les enjeux liés à l’arrêté rétablissant l’esclavage dans les colonies françaises signé par Bonaparte en 1802, alors que celui-ci avait été aboli en 1794.

Très réussies aussi, les analyses de tableaux. En effet, à côté de certains d’entre eux, un écran propose de zoomer sur différentes parties de la toile pour apporter au visiteur un éclairage sur la scène représentée. On découvre ainsi le tableau de la Bataille du pont de Lodi (10 mai 1796) de Louis-François Lejeune, dont l’analyse permet de détailler l’organisation de cette opération visant à affaiblir les défenses autrichiennes.

Que l’on soit spécialiste du sujet, amateur ou novice, l’exposition Napoléon est accessible, bien construite, spectaculaire et devrait plaire aux grands comme aux enfants.

Céline Coelho
Infos pratiques

Napoléon – 28 mai – 10 décembre 2021

Grande Halle de La Villette

211 avenue Jean Jaurès, 75019 Paris

01 40 03 75 75

Tarifs : à partir de 15 euros


A propos Céline Coelho

Rédactrice digital nomade, écrit pour le blog depuis 2019.

A la découverte de la Place des Vosges : ici

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