Affiche ton amour du cinéma !

Avant même d’entrer dans la salle, on sait qu’on va l’aimer. Ce film, on l’a vu sur le mur du métro, dans le hall d’un cinéma ou sur un vieux programme. Une affiche. Un coup de foudre. L’exposition « Faire impression. Quand l’affiche du cinéma s’invente », à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, déroule l’histoire de ces images qui nous font courir en salle, pleurer d’émotion ou frissonner d’envie. Ici, pas de pop-corn. Juste des couleurs, des silhouettes, des promesses en grand format. Le Lutèce du Parisien se glisse dans la peau d’un spectateur curieux. Projecteur sur l’art du papier qui fait rêver.

Affiches de cinéma
Affiches de cinéma

Entrée des artistes

On passe la porte comme on entre dans une salle obscure. Sauf qu’ici, pas de pop-corn au sol, mais des affiches qui claquent sur les murs. Des grands formats, des couleurs qui piquent, des lettrages qui vibrent. La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé transforme chaque salle en mini salle de projection… sans projecteur.

Les studios ? Oui, ils sont là. Mais les vraies vedettes, ce sont les illustrateurs. Ceux dont on ne retient pas toujours les noms, mais dont les affiches sont gravées dans nos rétines. Misti, Faria, et d’autres maîtres du crayon qu’on découvre ici en technicolor. Des lithos à la main, du grain dans le papier, du trait nerveux ou romantique, tout un monde avant les pixels. Pas de Photoshop, pas d’IA, juste du talent pur.

On réalise vite qu’une bonne affiche, ça peut faire battre le cœur plus fort qu’un film moyen. Et certaines, soyons honnêtes, sont de véritables scènes d’action en une seule image. En bref, on en prend plein les yeux avant même le générique.

Affiches de cinéma
Affiches de cinéma

Les affiches qui font le film

Parfois, on oublie le scénario. On oublie les acteurs. Mais l’affiche, elle, reste. Plus célèbre que le film qu’elle vendait, elle a traversé les décennies accrochée dans une chambre d’étudiant ou sur la devanture d’un ciné de quartier. Zorro, par exemple, brandit sa cape noire en grand format, prêt à bondir hors du cadre. Plus loin, une actrice muette pleure une larme de tragédie figée dans le papier. On devine presque le silence autour d’elle. Et dans un coin de salle, deux silhouettes s’enlacent sur les rails, fuyant un train qui ne viendra jamais.

Ces images parlaient avant les bandes-annonces. Elles résumaient l’histoire, posaient une ambiance, parfois mieux que les dialogues eux-mêmes. Dans l’expo, chaque mur devient un écran. Les formats varient, la lumière caresse les reliefs. L’œil ne sait plus où se poser.

On avance comme dans un plan-séquence géant. Les ombres des visiteurs se mêlent aux couleurs des affiches. On frôle un cadre, on en fixe un autre, happé par un détail, un regard, un trait de pinceau.

Pour les plus curieux, des croquis d’origine sont accrochés à côté des versions finales. On voit la transformation : de l’idée brute au choc visuel. On comprend qu’une affiche, c’est du cinéma à elle seule. Sans son. Sans mouvement. Mais avec un sacré effet spécial.

Petit écran, grands frissons

Affiche de cinéma
Affiches de cinéma

Oubliez Netflix et ses miniatures standardisées. Ici, on rembobine à l’époque où aller au cinéma, c’était une fête. Avant les bandes-annonces, avant les algorithmes, il y avait l’affiche. Une grande, belle, accrochée à l’entrée d’un théâtre ou d’un bistrot, qui hurlait : “Venez rêver !”. Et souvent, le rêve ne durait que 7 minutes. Mais qu’importe.

Pathé, ce n’est pas que le coq qui piaille avant un film. C’est plus de 100 ans d’images, de sensations fortes, de costumes froissés et de moustaches héroïques. L’expo plonge dans ce cinéma d’origines, quand le muet faisait hurler de rire, quand un baiser valait le prix du billet.

On croise la toute première affiche de projection, datée de 1896. Jaune, fragile, mais encore bien vivante. Juste à côté, une salle obscure projette des pépites d’archives en format d’origine. Les fauteuils grincent un peu, mais l’émotion est bien là.

Des gamins rient. Un papy essuie une larme. Personne ne regarde son téléphone. La magie opère.

Et vous, vous n’êtes pas juste dans une expo. Vous êtes dans un générique de début. Celui d’un cinéma qui faisait frissonner, même sans Dolby Surround.

Le mode d’emploi du cinéphile curieux

Vous avez envie d’en prendre plein les yeux sans vider votre compte épargne ? Parfait. “Faire impression. Quand l’affiche du cinéma s’invente”, c’est jusqu’au 27 septembre 2025 à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé.

Le lieu ? Une pépite. Un cocon lumineux signé Renzo Piano, perdu entre les immeubles du 13ᵉ arrondissement. On le repère à sa carapace de verre courbée. Presque une affiche à lui tout seul.

Envie de visiter tranquille ? Visez les jours de semaine, autour de 15h. Pas d’attente, pas de bruit. Juste vous, les affiches, et un doux parfum de pellicule ancienne.

À côté, le cinéma Pathé complète la virée avec des projections qui collent à l’expo. Péplum rare, romance oubliée ou western noir et blanc : le programme change souvent, alors gardez un œil.

Dernier conseil de cinéphile averti : jetez un œil au catalogue de l’expo. Plus qu’un souvenir, un vrai album de famille du 7ᵉ art, à feuilleter entre deux répliques cultes.

Clap de cinéma avec une caméra
Clap de cinéma avec une caméra

Avant TikTok, avant les trailers dopés aux effets spéciaux, il y avait l’affiche. Une feuille, un choc visuel, et l’envie d’acheter un ticket. Elle faisait rire, frissonner, espérer. On l’accrochait dans sa chambre comme un trophée ou une promesse.

L’expo “Faire impression” remet ces images au centre de la scène. Elle rappelle pourquoi on aime encore s’asseoir dans une salle noire, même quand on connaît la fin.

On en ressort avec des étoiles plein les yeux et une envie simple : suivre les images… jusqu’au générique. Parce qu’un grand film commence toujours par un bon dessin.


A propos Béatrix Benoist d'Anthenay

Rédactrice digital nomade, écrit pour le blog depuis 2019.

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