Le Centre Pompidou, ovni architectural et cœur battant de l’art moderne à Paris, s’apprête à baisser le rideau. Fermeture prévue de septembre 2025 à 2030. Objectif : une rénovation totale, la plus grande depuis son ouverture en 1977. Pas question de toucher à son allure de vaisseau coloré, mais il faut le remettre aux normes et l’adapter aux défis du XXIe siècle. Dans cet article, Le Lutèce du Parisien vous dit où iront les œuvres, ce qu’il advient de la BPI, et ce que réserve ce lifting géant.

Pourquoi une fermeture totale ?
Le Centre Pompidou a besoin d’un vrai coup de neuf. Après près de 50 ans d’existence, l’édifice montre des signes de fatigue. Les raisons de la fermeture totale entre 2025 et 2030 sont avant tout techniques et sécuritaires. Il faut procéder à un désamiantage complet, une opération délicate qui concerne l’ensemble du bâtiment.
Autre priorité : la mise aux normes incendie et la rénovation des installations techniques, dont beaucoup datent des années 1970. Ventilation, chauffage, électricité… tout va passer par la case modernisation.
Les façades tubulaires, emblème de l’architecture de Renzo Piano et Richard Rogers, seront aussi restaurées. Sans oublier une amélioration de l’accessibilité, avec des parcours facilités pour les personnes à mobilité réduite.
Face à l’ampleur du chantier, la fermeture complète a été jugée indispensable. Impossible de maintenir le public en toute sécurité pendant les travaux. Une décision prise pour aller vite, et bien. Résultat : cinq années de fermeture, mais un Centre Pompidou transformé, plus sûr, plus fonctionnel et plus ouvert à tous.
Où iront les œuvres ?
La fermeture du Centre Pompidou ne signifie pas l’hibernation de l’art. Bien au contraire ! Près de 2 000 œuvres de la collection permanente vont voyager, être stockées ou exposées ailleurs. Une partie d’entre elles rejoindra des réserves temporaires, tandis que d’autres seront accueillies dans des musées partenaires en France et à l’international, grâce à un vaste programme baptisé Constellation.
Ce dispositif prévoit notamment des expositions au Centre Pompidou-Metz, au Grand Palais, à la Bourse de Commerce, ainsi qu’au Musée Picasso ou encore au Frac Île-de-France. Objectif : garder les œuvres vivantes dans le regard du public, même loin de Beaubourg.
Autre projet de taille : la création d’un nouveau site à Massy, dans l’Essonne. Ce futur pôle, prévu pour 2026, accueillera les 140 000 œuvres du Centre Pompidou, stockées dans des conditions optimales. Mais ce ne sera pas juste un entrepôt : des espaces d’exposition et des ateliers ouverts au public sont aussi prévus.
Les œuvres présentes à la BPI ne vont pas disparaître de notre vue. Elles changent juste de scène. Une belle façon de réinventer la diffusion de l’art, même pendant les travaux.

La BPI : un déménagement stratégique
La Bibliothèque publique d’information (BPI) a fermé ses portes au Centre Pompidou le 2 mars 2025 à 22h. Après quelques mois de préparation et de transfert, elle rouvrira le 25 août 2025 dans le bâtiment Lumière, situé au 40 avenue des Terroirs de France, dans le 12ᵉ arrondissement de Paris.
Pendant la période de fermeture, la BPI maintiendra une offre de services à distance et une programmation culturelle « hors les murs ». Les usagers pourront accéder à une trentaine de ressources numériques variées depuis leur domicile, et des événements culturels seront organisés dans divers lieux partenaires à Paris.

Un chantier architectural ambitieux
Le Centre Pompidou s’apprête à vivre une transformation majeure. Le projet de rénovation, baptisé « Centre Pompidou 2030 », est confié à l’agence Moreau Kusunoki, en collaboration avec Frida Escobedo Studio. Cette équipe a été sélectionnée à l’issue d’un concours international, avec pour mission de réinventer le bâtiment tout en respectant son identité architecturale emblématique.
L’objectif principal est de restaurer la transparence et la porosité du bâtiment, caractéristiques originales de l’édifice conçu par Renzo Piano et Richard Rogers. Les architectes prévoient de remplacer les éléments opaques par des parois vitrées, d’améliorer la circulation intérieure en rendant les parcours plus fluides et intuitifs, et d’intégrer de nouveaux espaces publics pour renforcer le lien entre le musée et la ville.
Le projet inclut également la création d’un « Génération Hub », un espace dédié aux jeunes publics, ainsi que la réhabilitation de l’atelier Brancusi et l’agrandissement de l’Agora, qui accueillera des concerts, des conférences et des projections cinématographiques.
Le coût total des travaux est estimé à 262 millions d’euros, financés en partie par une campagne de mécénat lancée par le Centre Pompidou. Ce chantier ambitieux vise à adapter le musée aux exigences du XXIe siècle, tout en préservant son esprit d’innovation et d’ouverture.


Une programmation « hors les murs »
Même fermé, le Centre Pompidou ne disparaît pas de la carte culturelle. Bien au contraire. Pendant les travaux, le musée prévoit une programmation « hors les murs » ambitieuse pour continuer à faire vivre l’art contemporain et moderne en France et au-delà.
Plusieurs expositions itinérantes sont déjà prévues dans le cadre du programme « Constellation ». Les collections circuleront entre le Centre Pompidou-Metz, le Grand Palais (qui rouvrira en 2025), mais aussi dans des lieux plus inattendus à travers le pays et à l’étranger. Objectif : garder le lien avec le public tout en explorant de nouveaux formats.
Le Centre Pompidou a également noué des partenariats avec d’autres institutions culturelles – musées, galeries, centres d’art – pour accueillir temporairement certaines œuvres, organiser des conférences ou monter des événements ponctuels. Une manière maligne de décentraliser la culture, tout en continuant à faire rayonner l’identité du Centre pendant les cinq années de chantier.
La fermeture du Centre Pompidou marque une pause, mais sûrement pas un arrêt. Ce chantier titanesque, prévu jusqu’en 2030, veut offrir une seconde jeunesse à l’un des symboles de l’art moderne et contemporain. Mieux accessible, mieux adapté, toujours aussi iconique. En coulisses, les œuvres voyageront, la BPI s’adaptera, et la culture continuera d’irriguer Paris et au-delà. Une transformation d’ampleur, au service d’un lieu qui, depuis 1977, ne cesse de surprendre. Rendez-vous dans cinq ans pour un Pompidou version 2.0, entre fidélité à l’esprit d’origine… et promesses de nouveauté.
Rédactrice digital nomade, écrit pour le blog depuis 2019.