L’été 2024 a fait vibrer Paris au rythme des anneaux olympiques. Pendant deux semaines, la capitale s’est transformée en terrain de sport mondial. Un événement grandiose, suivi par plus de 3 milliards de téléspectateurs. Mais une fois la flamme éteinte, que reste-t-il ? Infrastructures, retombées économiques, œuvres symboliques… Le Lutèce du Parisien fait le point. Des lignes de métro prolongées aux statues dorées, des pistes cyclables flambant neuves aux débats sur l’héritage : suivez le guide dans ce Paris post-JO, entre transformation urbaine, mémoire collective et futur à bâtir.

Les retombées économiques et sociales des JO
Les Jeux Olympiques de Paris 2024, ce n’était pas qu’un show planétaire. C’était aussi un investissement colossal : près de 8,8 milliards d’euros. Ce montant comprend le budget du Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP) et celui de la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo). Le financement provient majoritairement de fonds privés, notamment des recettes commerciales, des droits de télévision et du sponsoring. Et cette dépense pourrait bien rapporter gros. Selon les premières estimations, les retombées économiques s’élèveraient entre 6,7 et 11,1 milliards d’euros pour l’Île-de-France, étalées sur les 15 prochaines années.
Côté emploi, les Jeux ont mis le turbo. Pas moins de 181 000 postes ont été créés dans toute la chaîne logistique : sécurité, accueil, restauration, bâtiment… Une belle dynamique pour les travailleurs et les entreprises du territoire.
Autre chiffre à savourer : 88 % des fournisseurs étaient français, et 79 % d’entre eux étaient des TPE ou PME. Une manière concrète d’ancrer l’événement dans le tissu économique local.
Derrière les médailles, il y avait donc aussi du boulot, des contrats et des perspectives. Une médaille d’or pour l’économie locale, qui espère maintenant garder l’élan post-olympique.

Les infrastructures créées pour les JO, quel avenir ?
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont aussi laissé des traces bien visibles dans la ville. Et pas seulement des podiums. Côté transports, la grande star, c’est la ligne 14 du métro. Son prolongement relie désormais Saint-Denis Pleyel à l’aéroport d’Orly en 40 minutes, avec huit nouvelles stations flambant neuves. La ligne 14 accueille désormais 21 stations pour une longueur totale de 30 kilomètres de rail. Un vrai bond pour la mobilité du quotidien.
À vélo aussi, la capitale a gagné du terrain. 120 kilomètres de pistes cyclables supplémentaires ont été tracés, venant compléter un réseau qui en compte maintenant près de 400 en Île-de-France. Le vélo n’a jamais autant roulé dans Paris. L’objectif est de conserver la majorité de ces aménagements après les Jeux pour intégrer durablement le vélo dans les habitudes de déplacement des Franciliens.
Sur le plan sportif, la ville de Saint-Denis a vu sortir de terre un joyau : le Centre Aquatique Olympique, inauguré le 4 avril 2024, tout près du Stade de France. Il a accueilli les épreuves de natation artistique, de plongeon et les phases qualificatives de water-polo. L’équipement comprend un bassin de 50 mètres, un bassin de plongeon, un bassin d’apprentissage et un bassin aqualudique. Il est également doté de panneaux photovoltaïques couvrant 25 % de ses besoins en électricité. Cette infrastructure devrait ouvrir prochainement au grand public et sera un lieu de rencontres pour les compétitions nationales et internationales.
En matière d’aménagement urbain, les Jeux ont également été l’occasion de transformer le visage de la ville avec la création de zones piétonnes, le renforcement des espaces verts et l’amélioration de l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite dans de nombreux lieux. Par exemple, près de 200 établissements publics parisiens ont été rendus accessibles à tous. Bref, Paris a profité des Jeux pour se refaire une beauté… et surtout devenir plus fluide, plus verte et plus ouverte.

Les symboles des JO : que sont-ils devenus ?
Les symboles des Jeux Olympiques de Paris 2024 n’ont pas disparu avec les médailles. Ils continuent à faire parler d’eux, à commencer par la célèbre vasque olympique. Conçue par le designer Mathieu Lehanneur, cette structure de 30 mètres de haut, surmontée d’un ballon lumineux, a été l’une des attractions majeures des Jeux. Installée au jardin des Tuileries pendant l’été, elle a attiré plus de 320 000 visiteurs. Certains souhaitent la voir rester au cœur du jardin, d’autres rêvent de l’installer dans un musée parisien. Une chose est sûre : elle ne passera pas l’hiver dans un carton. Face à son succès, il a été décidé qu’elle serait réinstallée dans le jardin des Tuileries chaque été jusqu’aux Jeux de Los Angeles en 2028, entre le 23 juin et le 14 septembre, pour illuminer le ciel parisien.
Autre élément marquant de la cérémonie d’ouverture : les statues monumentales de dix femmes engagées, artistes, sportives ou militantes (telles que Simone Veil et Olympe de Gouges). Créées pour la cérémonie d’ouverture des JO et présentées à l’Assemblée nationale lors des Journées du patrimoine 2024, le public a pu les découvrir le long de la Seine, sortant de l’eau au son de la Marseillaise lors de l’ouverture des JO. Elles attendent désormais leur nouvelle adresse. Plusieurs villes, dont Paris, mais aussi des communes franciliennes, se disputent leur installation. La porte de la Chapelle pourrait bien devenir leur port d’attache… à condition de trancher entre les nombreuses candidatures.


Le cheval métallique Zeus, immense sculpture mobile créée pour la scène d’ouverture et monté par la cavalière incarnant Sequana, a lui aussi trouvé son public. Après un passage remarqué à l’Hôtel de Ville de Paris, puis au château de Versailles jusqu’au 24 novembre 2024, Zeus entame une tournée dans plusieurs villes françaises depuis mars 2025, dont Lyon, Marseille et Nantes, ainsi qu’à Francfort, en Allemagne.
Sur la tour Eiffel, les anneaux olympiques géants ont brillé entre juillet et septembre. Avec leurs 29 mètres de large et 15 mètres de haut, ils ont dominé la capitale pendant plusieurs semaines. Retirés pour des raisons techniques, ils pourraient bientôt revenir dans une version plus robuste, visible jusqu’aux JO de Los Angeles 2028.


Enfin, n’oublions pas la tenue futuriste de la cavalière d’argent, qui ouvrait le bal olympique sur son cheval mythique. Imaginée par Jeanne Friot, cette création est visible jusqu’au 12 octobre 2025 au Palais Galliera, dans l’exposition La Mode en mouvement #3. Preuve que les JO, ce n’est pas que du sport, c’est aussi de l’art et du style.
Ces symboles, au-delà de leur dimension artistique, incarnent l’héritage culturel et mémoriel des Jeux de Paris 2024, continuant d’enrichir le paysage parisien et de susciter l’intérêt du public.
Perspectives et débats
L’héritage olympique a bel et bien amélioré le quotidien de nombreux Parisiens. La ligne 14 prolongée, les nouvelles pistes cyclables, ou encore l’accessibilité renforcée ont transformé les trajets urbains. Mais une fois la flamme éteinte, certains s’interrogent : que va-t-on faire de ces infrastructures dans cinq, dix ou vingt ans ?
Des urbanistes alertent sur le coût de maintenance de certains sites sportifs flambant neufs. D’autres pointent le risque de voir certains équipements peu utilisés ou mal intégrés dans les quartiers. Des élus locaux demandent plus de concertation pour adapter les usages aux besoins des habitants, notamment dans le nord de Paris.
Le défi est désormais clair : faire durer les bénéfices des Jeux sans laisser derrière eux des “éléphants blancs”. Pour cela, l’État et les collectivités devront jouer collectif, et vite. Car un héritage durable, ça se construit maintenant, pas dans dix ans.
Les JO de Paris 2024 ont marqué la capitale d’une empreinte durable. Entre nouvelles lignes de métro, pistes cyclables, sites sportifs modernes et symboles emblématiques, l’événement a transformé Paris. Mais une fois les applaudissements retombés, la question demeure : que restera-t-il de cette fête planétaire ?
Les objets iconiques, comme la vasque olympique ou les statues des 10 femmes, continuent d’alimenter l’intérêt… et les discussions. Ce riche héritage peut devenir un vrai levier pour une ville plus verte, plus fluide, plus vivable.
À condition, bien sûr, de l’entretenir avec soin.
Rédactrice digital nomade, écrit pour le blog depuis 2019.