C’est une réalité, les parisiens sont toujours pressés, stressés, oppressés. Alors, pour s’extraire un instant de ce tumulte permanent, certains ont trouvé un salut, une porte de sortie, un sas de décompression : le yoga. Pour comprendre l’engouement autour de cette discipline et philosophie ancestrale, j’ai décidé – le temps d’une séance – de devenir moi aussi une yogi.
Rendez-vous rue Bergère, un samedi en fin d’après-midi, dans le 9ème arrondissement de Paris. Mon itinéraire depuis les Abbesses, en passant par la rue des Martyrs, avant d’arriver dans le quartier de Notre-Dame de Lorette n’a pas été de tout repos. J’ai dû slalomer entre les poussettes, les trottinettes et les touristes, bref, j’ai vraiment besoin de ralentir la cadence. J’ai réservé ma séance de yoga via Swedish-fit qui propose des cours à 10 euros, un prix défiant (presque) toute concurrence. En revanche, avec un tel tarif, il faut faire des concessions et apporter son propre tapis. Après quelques minutes dans le hall d’accueil, j’entre enfin dans la salle. Elle n’a rien de particulier : parquet au sol, miroirs sur les murs, steppers et haltères rangés dans un coin, une salle de fitness basique en somme.
Quelques précautions avant de commencer…
En moins de 5 minutes, tout le monde est en place et le silence est roi. Je prends conscience que le besoin de calme relève de l’urgence pour les 40 autres personnes présentes dans la salle. L’accueil de la professeure du jour est chaleureux. Avant de débuter son cours, elle émet quelques mises en garde : on ne doit pas ressentir de douleur durant la pratique et ne pas forcer si l’on sent que notre corps ne peut pas aller plus loin dans une posture, « on n’est pas sur Instagram » lance-t-elle. Durant cette heure d’ailleurs, on laisse son esprit de compétition et ses jugements sur soi et sur les autres à la porte : « ce n’est pas la destination qui compte, pas la réalisation parfaite des postures, mais le chemin pour y parvenir » conclut-elle avant de nous annoncer que nous allons faire un cours de yoga Vinyasa.
Le Yoga Vinyasa, une pratique intense et créative
Ce style de yoga se compose d’un enchaînement de postures dynamiques où chaque mouvement est synchronisé à la respiration. Moins « traditionnel » que l’Ashtanga (qui consiste à répéter toujours les mêmes séries de postures) dont il est issu, c’est un yoga plutôt créatif à travers lequel chaque professeur est libre de proposer son propre « flow », son propre enchaînement de postures, un peu comme une chorégraphie. Généralement pratiqué en musique, si les mouvements sont fluides, presque dansants par moments, le rythme est soutenu. Il permet d’évacuer les toxines, de renforcer sa musculature et d’apaiser son mental. Un trio gagnant qui fait de lui un yoga très apprécié et l’un des plus proposés dans les studios.
Échauffement et salutations au soleil
Installés en tailleur, les mains sur les genoux, le dos bien droit et les yeux fermés, je prends de grandes inspirations. C’est le moment de déconnecter avec la journée passée et les obligations futures et de se concentrer sur l’ici et maintenant pour se reconnecter à soi et au moment présent. Avant de rouvrir les yeux, on nous invite à poser une intention pour cette séance, peu importe qu’il s’agisse d’un sentiment que l’on voudrait ressentir à son issue, d’une qualité que l’on aimerait cultiver ou de dédier cette pratique à soi ou à quelqu’un. Après quelques mouvements lents pour délier le cou, les poignets, le dos et les épaules au son de la playlist de lounge music qui favorise le lâcher-prise, on poursuit par l’échauffement classique des cours de yoga Vinyasa : les salutations au soleil (Surya Namaskara en Sanskrit).
Cet enchaînement de 12 asanas (qui signifie postures en Sanskrit) combinées à la respiration permet de réveiller le corps. Ce-dernier s’étire, s’assouplit et la respiration (Pranayama) se synchronise aux mouvements. On inspire lorsqu’ils sont ascendants pour ouvrir l’avant du corps puis on expire dans les torsions et flexions. L’enchaînement est sportif, les gouttes de sueur commencent à perler sur tous les fronts.
La sixième posture, appelée « chaturanga dandasana », consiste, en partant de la position de la planche, à réaliser une pompe en appui sur les pieds ou les genoux tout en maintenant les bras collés aux côtes. Une fois les coudes à 90°, il faut repousser dans ses mains pour monter son buste vers le haut et prendre appui sur le dessus des pieds pour décoller les jambes et le bassin dans la posture du chien tête en haut. On regagne ensuite la position de repos du chien tête en bas. Cet enchaînement sportif – planche, chaturanga, chien tête en haut, chien tête en bas – appelé également « vinyasa » est une transition en yoga. On l’utilise tout au long de la séance pour passer d’une posture à une autre. De quoi faire monter la température dans tout le corps !
Libérer ses hanches
Grâce à l’intensité du travail physique et à la focalisation de l’attention sur le souffle, impossible de penser à autre chose. Nous poursuivons le cours avec des variations des salutations au soleil, dites salutations A et B, qui consistent à intégrer des asanas supplémentaires dans cet enchainement. Nous voilà dans les fameuses postures du guerrier. Pour réussir à maintenir ces asanas statiques, il faut activer ses « bandhas », ses verrous en français, c’est à dire mobiliser un maximum de muscles. Notre professeure nous guide grâce à un balayage corporel très détaillé : « rentrez votre nombril vers le dos, contractez vos abdominaux et vos quadriceps, poussez dans la tranche externe du pied arrière pour gagner en stabilité, veillez à maintenir l’ouverture de la hanche de la jambe avant pour ne pas laisser le genou tomber vers l’intérieur, décambrez le dos, serrez les fessiers, ouvrez la poitrine, étirez et engagez vos bras jusqu’au bout des doigts, relâchez les épaules vers le bas » … Le yoga est une discipline exigeante. Mais elle est aussi stimulante car à chaque petit ajustement, j’ai l’impression de progresser et de pouvoir aller encore plus loin.
Les asanas s’enchainent : l’arbre, la demi-lune et le lézard pour travailler l’ouverture des hanches et gagner en souplesse, mais pas seulement. Notre professeure nous explique que c’est précisément dans cette partie de notre anatomie que le corps stocke les émotions. En travaillant sur l’ouverture du bassin, on permet au corps et à l’esprit de libérer les blocages émotionnels accumulés ici. J’apprécie l’idée que le yoga participe à la connaissance de soi, aussi bien via le travail du corps qu’à travers sa dimension spirituelle qui aide à reprendre le contrôle sur son mental pour ne pas se laisser submerger par ses émotions et ruminations.
Le temps de la relaxation
On a beaucoup transpiré, on s’est dépensé, dépassé même et le moment de la relaxation finale est arrivé. Guidés par la voix de notre professeure, nous relâchons progressivement chaque partie de notre corps, des orteils au sommet du crâne. Le souffle se rallonge, l’esprit est calme et je ressens cette chaleur et cette énergie créées tout au long de la pratique se diffuser dans tout mon corps. Je me sens vidée mais apaisée. Le flot de pensées qui m’obnubile en temps normal s’est mis sur OFF. J’ai la sensation que mon corps et mon esprit sont connectés et ne forment plus qu’un. Ils sont tous les deux-là, allongés sur mon tapis.
Le cours est terminé et l’apaisement unanime. Chacun ressort de sa petite bulle à son rythme. Certains semblent sereins, d’autres requinqués mais dans tous les cas, les visages sont décrispés.
Au début de cette séance, j’ai posé une intention : celle de vous dédier ma pratique de ce jour et de vous donner envie de sauter le pas, d’aller au-delà de vos préjugés et d’oser essayer le yoga pour vous reconnecter, le temps d’une séance, avec vous-même et au moment présent.
Namasté !
Comment s’équiper pour pratiquer le yoga ?
Chacun est libre de porter ce qu’il veut ! Pour ma part, j’ai opté pour un équipement simple mais pratique, acheté chez Décathlon : un legging Domyos noir de la gamme yoga, extrêmement agréable car il est sans couture et sa ceinture large taille haute permet un bon maintien de la sangle abdominale (15 euros). Un t-shirt noir de la même marque et de la même gamme, en coton issu de l’agriculture biologique (10 euros). Enfin, pour la brassière, indispensable pour bien soutenir la poitrine pendant la pratique, je me suis tournée vers le premier prix de la marque Kalenji. C’est une brassière de running mais elle est vraiment agréable à porter. Je l’ai choisie en rose corail fluo (5 euros). Enfin, j’ai investi dans une natte de yoga de la marque Chin Mudra qui propose des tapis d’excellente qualité, antidérapants et surtout écologiques (25 euros), un critère indispensable pour moi.
Céline Coelho
LIEN :
Swedish-fit : https://www.swedishfit.fr/
Rédactrice digital nomade, écrit pour le blog depuis 2019.
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