Interview de KamouK : « Pour moi, la musique c’est un échange, on ne chante pas pour soi ».

Avec sa voix douce et puissante, presque apaisante, lorsque KamouK entre en scène, elle captive le public dès la première note. Rencontre avec cette jeune artiste pétillante et énergique qui a envoûté l’Institut Pasteur à Paris lors de la fête de la musique.

Qui se cache derrière KamouK ?
KamouK

Eh bien c’est Camille Baussay, 32 ans, qui a grandi et vit à Paris ! J’ai fait des études de droit et obtenu le certificat d’aptitude à la profession d’avocat mais je travaille, depuis 2014, en tant que juriste RH/droit public à l’Institut Pasteur qui est une fondation consacrée à la recherche biomédicale, à l’enseignement et aux actions de santé publique. Ce n’est pas un hasard si j’exerce à l’Institut Pasteur, j’ai été élevée par une famille de médecins et je m’intéresse beaucoup aux sciences du vivant et aux problématiques de santé publique.

D’où vient ton nom d’artiste ?

Ça veut dire chameau en égyptien ! Non, je rigole ! Ça ne vient pas de là, c’est le surnom que m’a donné ma cousine il y a des années et je l’ai gardé parce que je l’aime bien.

KamouK
Comment te décrirais-tu ? Camille et Kamouk sont-elles différentes ?

En tant que Camille ou KamouK, je suis plutôt spontanée, joyeuse, curieuse, ouverte d’esprit, sociable et dans les deux cas, je prends les choses très au sérieux ! Bizarrement, je crois que KamouK essaye d’être plus discrète que Camille. Quand je suis sur scène, je ne pense ni à moi ni à KamouK, je suis dans une bulle, concentrée sur la musique et quand je commence à chanter, j’oublie tout et je lâche prise.

Ton travail et ta carrière d’artiste sont intimement liés…

Effectivement, en tant qu’artiste, je m’exprime grâce au cadre que peut m’apporter mon travail, tout revient un peu à l’Institut Pasteur en fait ! C’est ici que j’ai fait ma première scène, il y a 5 ans, lors de la fête de la musique justement ! J’avais chanté Hallelujah de Jeff Buckley et c’est là que j’ai vraiment pris goût à la scène. J’ai mis du temps à me décider à chanter devant un public parce que, même si je suis très sociable, je ne me sens pas toujours à l’aise devant les autres. C’était un bon challenge à relever ! Il y a plus de 2500 personnes sur le campus, le public est tout trouvé ici. Il y a sans arrêt des colloques, des conférences, des séminaires… et pour certains évènements, la direction permet aux collaborateurs de l’Institut de s’exprimer. Lorsque j’en ai l’occasion, je le fais et je suis contente parce que ça plait !

KamouK

Je préside également l’association culturelle de l’Institut Pasteur qui s’appelle La Pasteurale. Nous organisons des activités artistiques et culturelles sur le campus (cours de musique, dessin, théâtre, etc.). La fête de la musique 2019 est justement l’occasion pour les membres de l’associationde montrer le travail qu’ils ont réalisé pendant l’année. J’ai donné un créneau à chaque activité pour que tout le monde puisse s’exprimer.

La fête de la musique est un événement important pour toi ?

Oui ! En plus d’être le jour où j’ai fait ma première scène, ce jour-là, tous les artistes peuvent utiliser des œuvres sans payer de droits d’auteur. C’est un symbole fort puisque la musique, c’est le partage. Le mot partage est vraiment important pour moi. La musique, l’art en général, n’existe que si on l’exprime, c’est un échange, on ne chante pas pour soi, c’est pour ça que c’est excitant d’avoir un public. Lors de mon premier concert, les gens ont commencé à chanter le refrain avec moi et quand tu créés une réaction comme ça dans le public, c’est génial !

Tu te produis à d’autres occasions ?
KamouK

Je chante souvent sous la douche et mes voisins se plaignent parce qu’ils ne m’entendent pas assez ! J’ai eu l’occasion de chanter pour des anniversaires, des mariages et des enterrements, notamment pour celui de ma grand-mère (qui a travaillé plus de 10 ans à Pasteur !). J’y ai interprété Hallelujah, comme pour ma première scène et pour les 130 ans de l’Institut. C’est vraiment une chanson qui me parle, qui a du sens pour moi et qui en devient presque symbolique.

Tu chantes depuis toujours ?

Je ne me rappelle pas avoir toujours chanté, j’ai dû commencer vers la fin du lycée, c’était pendant une colonie de vacances. Je me souviens m’être mise à chanter avec les autres, comme on fait tous en colo et une monitrice m’a dit « t’as une super voix ! ». Mais c’est pendant mon Erasmus en Angleterre que j’ai réellement commencé à chanter. Je faisais partie du chœur de l’orchestre symphonique de l’Université de Birmingham et c’est à ce moment-là que j’ai vraiment pris goût au chant.

Tu es une artiste assez complète. Tu es aussi musicienne, tu joues de quel(s) instrument(s) ? Tu danses aussi ?

J’ai commencé à prendre des cours de flûte à bec au collège, en plus de ceux imposés ! Puis un jour, ma mère m’a offert un livre sur la flûte traversière pour que je me diversifie alors je m’y suis mise aussi ! J’ai malheureusement dû mettre de côté la pratique pendant mes études de droit mais j’ai repris quand je suis arrivée à l’Institut Pasteur. J’ai aussi commencé la guitare il y a 4 ans. Très franchement, l’instrument en lui-même ne m’intéressait pas vraiment mais comme mes amis guitaristes n’étaient pas toujours disponibles pour m’accompagner quand je chantais, je me suis dit « on n’est jamais mieux servi que par soi-même » ! Je danse aussi en amateur depuis 1998. Je compte d’ailleurs passer l’examen d’aptitude technique en danse jazz l’année prochaine.

Tu travailles beaucoup ta musique ?

Pour le chant, j’ai pris quelques cours particuliers au début de mes études universitaires mais j’ai vite arrêté. Une professeure m’a dit qu’en travaillant trop la technique, je risquais de dénaturer la spontanéité de ma voix. Je dois dire que côté finances, ça m’a bien arrangé ! Je travaille surtout le rythme et la musicalité. Comme je n’ai jamais pris de cours de solfège, je ne suis pas forcément toujours à l’aise avec le rythme. Quand je dois chanter et jouer de la guitare en même temps, je bosse beaucoup en amont pour me sentir plus à l’aise et m’approprier la chanson.

Quel est ton univers musical ?

Je reprends pas mal de chansons de variété française, celles de Francis Cabrel notamment, des ballades qui ont bercé mon enfance, de Georges Moustaki par exemple, de la country américaine aussi, un peu de pop-rock mais je ne suis pas sûre que ma voix s’y prête ! Là je suis dans ma période Jazz. Je m’ouvre à tous les grands standards comme ceux d’Ella Fitzgerald que j’écoute beaucoup en ce moment.

Tu admires un artiste en particulier ?

Non, ce qui me plait quand j’écoute une chanson, c’est le titre en lui-même et c’est rare que j’aime le répertoire entier d’un artiste, à l’exception de celui de… Céline Dion ! C’est toute mon enfance et mon adolescence et même encore maintenant, quand je déprime un peu, j’écoute Céline et je vais mieux !

Tu n’as pas envie de tout plaquer pour faire carrière dans la musique ?

J’ai eu des propositions de collaborations cette année de la part de compositeurs mais leur style ne me plaisait pas plus que ça. Pour le moment, mon objectif à court et moyen terme, c’est de me constituer un répertoire de reprises pour me les approprier. J’aime chanter les chansons que les gens connaissent et qui leurs parlent. Quand on me demande pourquoi je ne fais pas mon album, même si je compose déjà un peu, je réponds que je n’en ai pas envie tout de suite. J’estime que je débute encore dans la musique et sur la scène et j’ai encore envie d’explorer pour me trouver.

Ta philosophie de vie ?

J’ai la bougeotte, j’ai toujours beaucoup aimé voyager, ma maman était hôtesse de l’air, ça aide ! J’aime beaucoup les gens, le contact humain, je puise mon énergie dans mes relations avec les autres et chaque personne que je rencontre, quelle qu’elle soit et quel que soit son statut dans la société, m’apporte beaucoup. Je me nourris de mes relations avec les gens.

Que vas-tu chanter vendredi 21 juin sur scène ?

Un classique de bossa nova ! Je serai accompagnée de deux amis guitaristes, également chercheurs à l’Institut Pasteur : Juliette Paireau et Hanno Schoeler.

Tu es dans quel état d’esprit ? Excitée ? Stressée ? Impatiente ?

Excitée, j’ai hâte ! J’ai pris un jour de congé pour gérer toute la coordination de la fête, j’espère que tout va bien se passer. Je chante pour la première fois en portugais donc j’ai demandé à des collègues chercheurs brésiliens et portugais de m’aider à travailler la prononciation. On a répété plusieurs fois avec les guitaristes, je suis sereine !

Quelques minutes avant d’entrer en scène, KamouK est confiante, souriante, excitée de partager un moment avec le public. À l’issue de sa prestation, elle se sent un peu mitigée. Un brin perfectionniste, elle confie : « pendant la prestation et juste après, j’étais un peu déçue de moi… Je débute à la guitare, c’est pas évident de maitriser à la fois l’instrument et de me lâcher sur le chant. Par contre, en regardant la vidéo, je suis plutôt fière car le rendu est pas mal ! ». Effectivement, KamouK peut être fière d’elle. Avec son interprétation de Manhã de Carnaval, elle a rempli le cœur du public qui l’écoutait presque religieusement d’une douce chaleur brésilienne. Un petit moment de grâce, sincère et plein d’émotion suspendu dans le temps. Découvrez sa prestation ci-dessous :

Vidéo : Manhã de Carnaval de Luiz Bonfá et Antônio Maria par KamouK

Pour suivre l’actualité de KamouK et découvrir ses autres prestations, rendez-vous sur ses pages :

Facebook : https://www.facebook.com/KamouK8/

Instagram : @kamouk8 (https://www.instagram.com/kamouk8/)

Soundcloud : https://soundcloud.com/kamouk8

Céline Coelho


A propos Céline Coelho

Rédactrice digital nomade, écrit pour le blog depuis 2019.

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