Dior : une exposition en or ?

La maison Dior souffle cette année ses soixante-dix bougies. Cet anniversaire fait l’objet d’une exposition au Musée des arts décoratifs. Plan de communication intelligemment orchestré ou véritable exposition ?

Christian Dior. Un prénom et un nom qui se suffisent à eux-mêmes. Les évoquer, c’est entrer dans un véritable rêve, dans un monde foisonnant de luxe et de créativité. Cela suffit également pour attirer une foule de curieux et/ou de passionnés venus visiter la toute dernière exposition dédiée au légendaire couturier.
Ce samedi-là, la file d’attente est impressionnante. À vrai dire, je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre, sauf à pouvoir admirer des pièces uniques d’une collection haute couture.
À l’entrée, la première scénographie plonge le visiteur dans une ambiance feutrée, plutôt sombre. Sur les murs, des images rappellent le passé du maître. Son parcours, des photos d’archives, des croquis, des extraits de lettres… Qui sait que Christian Dior avait fait des études de science politique ?
Fils d’un notable de Granville, en Normandie, le jeune Christian se rêvait en architecte ou compositeur. Il deviendra galeriste et fera connaître des artistes contemporains de sa génération : Salvador Dali, Alberto Giacometti, Alexander Calder… Si son père a accepté de le financer, c’est à la condition que le nom de Dior n’apparaisse pas. La crise économique de 1929 le contraint à baisser le rideau. Pour pouvoir subsister, il apprend alors à dessiner. Devenu illustrateur de mode, il est engagé comme modéliste chez des couturiers célèbres de l’entre-deux-guerres : Robert Piguet et Lucien Lelong.

“Femmes fleurs”

En 1946, Christian Dior crée sa maison de couture avec le soutien de Marcel Boussac, un important industriel du textile. Son premier défilé a lieu le 12 février 1947, avenue Montaigne : c’est un immense succès. Les femmes adhèrent immédiatement à sa conception de “femme fleur” avec ses coupe évasée et des vestes qui soulignent les tailles, mettant en valeur les bustes de manière savamment sexy.
Face à ces silhouettes inédites, la rédactrice en chef du magazine Harper’s Bazaar s’exclame : « Mon cher Christian, vos robes ont un tel new look ! » Un correspondant de l’agence de presse Reuters attrape la formule au vol, la note promptement sur un morceau de papier qu’il lance depuis le balcon à un coursier qui attend sur le trottoir. La nouvelle sera connue le jour même aux États-Unis !
Un hasard mais surtout une aubaine qui va permettre au couturier de se faire connaître et de vendre à l’étranger plus de la moitié de ses créations. Cette ascension correspond d’ailleurs en parallèle à la démocratisation de la photographie.
Lorsqu’il meurt d’une crise cardiaque le 24 octobre 1957, c’est Yves Saint- Laurent, son directeur artistique d’alors, qui reprend le flambeau. D’autres talents succéderont à celui-ci au fil des années : Marc Bohan, Gianfranco Ferré, John Galliano, Raf Simons et enfin – la seule femme à ce jour – Maria Grazia Chiuri. Tous ont repris avec succès l’esprit Dior.

Palette de couleurs “maison”

Le reste de l’exposition est un feu d’artifice de couleurs et de pièces uniques qui se déclinent selon les époques, savamment mis en scène entre les croquis, les sacs et les chaussures, les copies en plâtre, des miniatures qui accompagnent les originaux jusque dans les moindres détails… L’exposition valorise une palette des coloris phares de la maison, le rose, couleur du bonheur et de la féminité, le gris pour le côté pratique et l’élégance du neutre, le rouge pour la couleur de la vie et qui habille aussi les lèvres… Une mise en valeur de la séduction sans avoir l’air d’y toucher.
Les visiteurs découvrent aussi les inspirations du couturier : la nature, le XVIIIe siècle…


Puis, d’un seul coup, au fur et à mesure qu’on avance, on entre dans la lumière, dans un blanc immaculé, avec des prototypes uniques exposés en hauteur. À l’intérieur d’un renforcement, deux femmes finalisent à la main le packaging de parfums, du sur-mesure. Elles répondent aux questions, expliquant avec un certain plaisir la nature de leur travail. Mise en scène d’un savoir-faire inconnu. Le public est captivé.
La visite est un ballet, une danse qui émerveille, suscite l’enchantement des yeux jusqu’au clou final… Qu’il serait dommage de dévoiler, tellement c’est ébouriffant, époustouflant.
J’ai passé deux heures à visiter cette exposition, à déambuler, à admirer des pièces qui sont autant d’œuvres d’art, une parenthèse enchantée hors du temps et qui m’a ravie !
Une scénographie incroyablement poétique, délicate, qui en met plein la vue. Une exposition “grande couture”, à l’image de son héros. Un couturier en or. Un couturier de rêve…

Marina Al Rubaee

Pour en savoir plus
Exposition “Christian Dior, couturier du rêve”
jusqu’au 7 janvier 2018
Musée des Arts décoratifs, 107, Rue de Rivoli, 75001 Paris
Site Internet : www.lesartsdecoratifs.fr/francais/musees/musee-des-arts-decoratifs/actualites/expositions-en-cours/christian-dior-couturier-du-reve

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