Bouquiniste : la liberté d’être libre

Ce sont 1 000 “boîtes” et leurs 30 0000 livres anciens ou contemporains qui jalonnent les quais de la Seine. Une espèce bien particulière de Parisiens tient ces boutiques à ciel ouvert : les bouquinistes. Florence Labbé en fait partie.

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Accrochée à ses 8,50 mètres de livres offerts aux regards et à la curiosité des badauds, elle a le sourire de ceux qui ne se découragent jamais, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente. Son étal couleur vert bouteille, fixé solidement à ce mur de pierre, est devenu toute sa vie. Depuis quatre ans, Florence Labbé fait partie des 240 bouquinistes des quais de la Seine. Trois kilomètres de curiosité et de découverte culturelle pour des chalands venus de tous les horizons, au hasard de leur promenade ou en quête d’un livre bien précis.

Joie et liberté
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Quand elle est devenue bouquiniste, elle a choisi de rester dans le monde de l’enfance en proposant des livres “jeunesse”. Son dossier a séduit le comité de sélection de la Mairie de Paris qui lui a proposé très rapidement un emplacement sur le quai Malaquais. « À la base, je suis comédienne. J’ai monté ma propre compagnie de théâtre en proposant des spectacles de marionnettes pour les enfants et pour tous les adultes qui n’ont pas oublié de le rester. Car l’univers des enfants, c’est le mien », explique-t-elle avec ce grand sourire qui fait oublier les nuages bas du ciel parisien. « Je réalise en réalité un rêve de gamine. J’ai toujours été fascinée par ces libraires de la rue. Je me disais qu’ils faisaient décidément un chouette métier et que j’aimerais un jour être des leurs », poursuit-elle.
La rue, cette mère de deux enfants s’y sent comme chez elle. Elle a d’ailleurs débuté son métier de comédienne par des spectacles de rue. La rue, c’est sa liberté absolue, la vie en mouvement, celle de l’instant, de “l’ici et maintenant”, et des belles rencontres. « Nous façonnons notre vie selon le regard que nous y portons. Pour ma part, je la vois de façon joyeuse, créative, pleine de belles possibilités et d’opportunités », glisse Florence, le regard pétillant. Elle s’est habituée au bruit des voitures, des Klaxons, un bruit de fond auquel elle ne prête plus attention. Et la pollution, celle des pots d’échappement ? Sa réponse surprend… « Ce n’est pas moins pollué ici que dans un appartement confiné dans lequel on n’ouvre jamais les fenêtres. Ici, au moins, l’air circule et disperse les particules », constate-t-elle, un brin malicieux.

L’histoire des trois petits lapins
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Sur les rayonnages de sa librairie à ciel ouvert, Harry Potter côtoie aussi bien les aventures de Oui-Oui que La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils et Le Petit Prince de Antoine de Saint-Exupéry. « Voilà un livre qu’on étudie peu à l’école mais qui ouvre pourtant les portes de l’imagination et celle de la lecture ! » s’exclame-t-elle.
Elle achète ses livres dans des brocantes ou elle les récupère à l’occasion de déménagements… Des pépites “oubliées”, souvent en très bon état, et qu’elle revend à des prix accessibles. Florence se souvient de cette dame qui cherchait désespérément un ouvrage qui avait bercé son enfance, une histoire de trois petits lapins. « Elle avait écumé toutes les brocantes pour le retrouver. Quand je le lui ai mis sous le nez, il y a eu un silence incroyable. Elle avait la larme aux yeux », raconte-t-elle.
Clin d’œil à sa vie de “théâtreuse” qu’elle va bientôt arrêter, Florence propose également à la vente des marionnettes. Une “tête de gondole” qui attire et amuse beaucoup de curieux. À force de vivre à l’extérieur, elle a appris à flairer le temps, à décrypter, tout comme les pêcheurs ou les agriculteurs, les signes des changements de la météo même si, avoue-t-elle, elle s’accroche à son téléphone portable pour suivre les prédictions de Météo France. « C’est ma drogue ! » s’exclame-t-elle. Soudain, elle regarde le ciel : « Je crois qu’il va pleuvoir… » Elle éclate de rire et lance : « Quoi qu’il arrive, pour rien au monde je ne voudrais changer de vie ! »

Marina Al Rubaee

Ses adresses parisiennes
Le théâtre de Nesle

« C’est vraiment un lieu à aller découvrir, déjà pour la gentillesse de ceux qui le tiennent et surtout pour la qualité de leur programmation. Ses dirigeants ont assisté au spectacle que j’ai donné au Festival d’Avignon il y a quelques années. Ils sont venus me chercher et ont donné la possibilité à mes spectacles et à ma troupe d’exister. Ils sont vraiment formidables ! »
8, rue de Nesle, 75006 Paris
Tél. : 01 46 34 61 04
Métro : Odéon / Pont Neuf
www.theatredenesle.com

Le Barrault-Vins

« C’est un super bar de quartier comme on n’en trouve plus et qui diffuse des matches de rugby. L’ambiance est chaleureuse et sympathique. J’y viens boire un verre, me détendre. Les prix sont abordables. Et j’y fais parfois des affaires : certains habitués me demandent de leur dénicher des livres. Quand je les trouve, je les mets de côté pour eux. Dans cet endroit, je me sens comme chez moi ! »
70-72, rue Barrault, 75013 Paris
Tél. : 01 78 90 31 41

Un commentaire :

  1. Ah Florence!!!! Une personne remarquable! une Bretonne plus parisienne que les parisiennes! une amie inoubliable qui m’a sortie de la galère sans me connaître! une de ces belles personnes que l’on voudrait pouvoir multiplier pour que le monde enfin soit juste et beau!

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